Le président du parti Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi, a réitéré son appel à voter «non» au référendum du 25 juillet 2022 sur le projet de constitution proposé par Kaïs Saïed qui, selon ses termes, «instaure un régime présidentiel autoritaire», tout en rappelant, dans ce contexte, les propos tenus par le président de la république avant son accession à la présidence et qui sont en nette contradiction avec ceux qu’il tient aujourd’hui.
«Le référendum est l’un des outils de la dictature… Nous rêvons d’un peuple arabe qui se lève et dit non au référendum», avait déclaré, en 2017, le président de la république, qui semble avoir changé totalement d’avis en accédant au pouvoir, a rappelé M. Abdelkefi, qui s’adressait aux partisans de son parti présents à un meeting à Sousse, vendredi 15 juillet 2022, dans le cadre de la campagne référendaire. «Si Dieu le veut, nous allons tous, ensemble, réaliser le rêve du président», c’est-à-dire voter non au référendum, a-t-il lancé sur un ton ironique.
Fadhel Abdelkefi a aussi critiqué l’ingérence illégale du président Saïed dans le processus de campagne référendaire en appelant, à deux reprises, les Tunisiens à voter «oui» au projet de constitution qu’il propose lui-même, ce qui est en contradiction avec les normes internationales.
M. Abdelkefi a expliqué, à ce propos, que Kaïs Saïed ne s’est pas inscrit sur la liste des personnes, associations et partis autorisés à exprimer des positions lors de la campagne référendaire sur le nouveau projet de constitution, comme l’exige l’Instance supérieure indépendantes pour les élections (Isie).
M. Abdelkefi a aussi formé l’espoir que le président de la république réponde positivement à une invitation qu’il lui avait faite pour un débat public portant sur le référendum et la constitution. «Le projet de constitution, dans ses deux versions publiées les 30 juin et 8 juillet, porte sur un régime présidentiel et accorde de larges pouvoirs au président de la république, en dehors de tout contrôle et de toute responsabilité», a déclaré M. Abdelkefi.
De son côté, Rym Mahjoub a passé en revue les étapes qui ont suivi l’annonce des mesures exceptionnelles le 25 juillet 2021, qualifiant la période actuelle de dangereuse. La numéro deux d’Afek Tounes a poursuivi : «On a affaire à la constitution du président, et non à la constitution de la république. Le projet de constitution a été rédigé de façon unilatérale pour instaurer un système présidentiel où tous les pouvoirs sont monopolisés, sans limitations, ni contrôles ni responsabilité… On aura un sultan», a-t-elle lancé, dans une limpide allusion au président de la république.
Selon le projet de constitution, la Cour constitutionnelle sera comme un club de juges qui s’apprêtent à sortir à la retraite, notant à cet égard que la tâche de ses membres se limitera à l’examen de la constitutionnalité des lois et ne se verra pas confier la mission d’examiner les violations du président de la république ou de décider de son incapacité ou même de définir la notion de danger imminent pouvant justifier la prolongation du mandat présidentiel au-delà de sa limite légale.
Tout en exhortant les électeurs à participer au référendum et à voter non au projet de constitution, Mme Mahjoub a estimé que ceux qui appellent au boycott du vote servent de manière indirecte l’intérêt du «oui».
I. B.
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