L’onde de choc du départ fracassant de Zied Laadhari du secrétariat général (SG) du parti islamiste Ennahdha ne finit pas de se propager. Cette démission est bien un séisme de magnitude élevée qui a nécessité que Samir Dilou fasse un passage obligé sur le plateau d’El Hiwar Ettounsi pour apporter les clarifications que les stratèges de Montplaisir veulent faire croire…
Par Marwan Chahla
Depuis bientôt une dizaine de jours, le parti islamiste tente de se sortir de cette crise que la démission-surprise de son secrétaire général Zied Laadhari a provoquée. En ampleur et en gravité, il est évident qu’il ne pourrait s’agir d’une simple saute d’humeur et ce claquement de porte est indéniablement le plus grave qu’Ennahdha ait connu depuis le désistement, en mars 2014, de Hamadi Jebali de cette même position au sein de l’appareil nahdhaoui.
Habib Jemli a été choisi par un vote démocratique
Ainsi, hier, mercredi 4 décembre 2019, Montplaisir a désigné Samir Dilou pour éteindre l’incendie. Invité de Meriem Belkadhi, animatrice de ‘‘Tounes El-Yaoum’’ d’El-Hiwar Ettounsi, le député bizertin a choisi de «calmer le jeu» et de rappeler «les règles élémentaires» qui régissent l’organisation du parti islamiste et son fonctionnement: «Il y a débat démocratique où l’expression des points de vue est libre; il y a des décisions prises démocratiquement et, une fois qu’elles ont été arrêtées, elles deviennent contraignantes.»
C’est ainsi qu’Ennahdha évacue la «ruade» de Zied Laadhari: il y a discipline et le jeune dirigeant nahdhaoui se devait de la respecter. Plus précisément, Samir Dilou explique que le grief principal invoqué par l’ancien ministre du Développement est infondé: «Pour ce qui est de la désignation de Habib Jemli pour la charge de la formation du nouveau gouvernement, tout le jeu était clair de bout en bout: il y a eu dépôt de candidatures, il y a eu sélection de candidatures et il y a eu vote libre et indépendant. Et ce qu’il en était sorti était clair et net: à ce scrutin, M. Jemli dépassait en nombre de voix portées sur son nom de loin, de très loin, le candidat qui venait en seconde position…»
Bref, Ennahdha a fait les choses comme elles devaient être faites et «ce choix [de Habib Jemli, ndlr] n’a pas été imposé à Rached Ghannouchi ni par Rached Ghannouchi. Finissons-en avec cette histoire et passons à autre chose», a dit Samir Dilou en conclusion.
Jemli doit soigner un peu plus son image médiatique
L’autre sujet sur lequel le dirigeant nahdhaoui souhaitait plutôt donner son avis, c’était le profil de Habib Jemli. «Moi, je l’ai connu de près. Zied Laadhari ne l’a pas connu. Personnellement, je l’ai côtoyé: j’étais ministre et il était secrétaire d’Etat. L’image que je garde de lui, c’est qu’il était un homme sérieux et il s’occupait comme il se devait des dossiers qui lui étaient confiés. Il était irréprochable et toutes les personnes qui ont servi sous ses ordres vous le confirmeront…», ajoute Dilou, croyant ne laisser aucune raison de douter des grandes capacités du potentiel successeur de Youssef Chahed.
Juste un petit, un tout petit bémol: le député bizertin conseille à Habib Jemli de soigner un peu plus son image médiatique. «C’est rien de bien sérieux. Sa sortie médiatique [la vidéo de 7 minutes, postée sur Facebook, où le chef du gouvernement désigné s’est adressé à la nation, ndlr] n’était pas réussie sur la forme. C’est un petit détail: avec le temps et un bon coaching de relations publiques, ça s’arrangera… Ne perdons pas de vue l’essentiel» conclut Dilou.
Rires dans la salle…
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