Le dirigeant au sein du mouvement Ennahdha, Samir Dilou, a estimé aujourd’hui, lundi, 13 janvier 2020, sur Shems FM, que le prochain gouvernement, qui sera formé par le désigné du président de la République, Kaïs Saïed, connaîtra le même destin que celui de Habib Jemli, à savoir l’échec, si la stratégie qui sera adoptée pour le former sera la même.
Cette stratégie que M. Dilou a nommé «l’approche traditionnelle» consiste au principe des quotas partisans.
Sans proposer d’alternatives, l’islamiste a rappelé qu’il a déjà évoqué cette question depuis le mois d’octobre dernier, quelques jours seulement après l’annonce des résultats des législatives.
A l’époque, il avait proposé que le chef du gouvernement désigné commence par la mise en place d’un programme mobilisateur, avant d’essayer de rassembler autour de lui quelques partis, plutôt que de faire l’inverse, en contactant ces derniers en premier lieu.
L’ancien ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle (décembre 2011 – janvier 2014) a, par ailleurs, indiqué que Kaïs Saïed aura une double-responsabilité : la première est constitutionnelle et la deuxième est politique et éthique, expliquant qu’à travers la désignation du prochain chef du gouvernement, rien ne l’empêcherait – si ce n’est la contrainte éthique – de viser la tenue de nouvelles élections législatives.
Ce scénario aura lieu si le président de la République fait en sorte que son élu n’ait pas la ceinture politique nécessaire pour que son gouvernement passe. Auquel cas, le parlement serait, par la même occasion, dissout.
Dilou a néanmoins assuré que, connaissant Kaïs Saïed depuis 1985, il n’optera pas pour cette démarche.
Pourtant, le fait qu’il expose ce risque médiatiquement, dès maintenant, alors que les concertations avec les différents partis, en vue de désigner un nouveau chef du gouvernement, n’ont même pas encore eu lieu, montre qu’il éprouve, dans un coin de la tête, certaines craintes par rapport à la concrétisation de ce scénario.
Le dirigeant d’Ennahdha a, d’autre part, souligné que son mouvement est naturellement concerné par la formation du prochain gouvernement, rappelant que son président, Rached Ghannouchi, a été le premier accueilli par le président Saïed, en tant que chef du parti vainqueur des élections, après la désapprobation du gouvernement Jemli par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Samir Dilou a, sur un autre plan, commenté les propos de Nabil Karoui, président de Qalb Tounes, et de Hassouna Nasfi, secrétaire général de Machrou Tounes, qui ont indiqué, en fin de semaine, qu’ils proposeront à Kaïs Saïed un nom pour présider le prochain gouvernement, en tant que représentants du plus grand bloc parlementaire…
En effet, les partis Qalb Tounes, Echaâb et Tahya Tounes, ainsi que les blocs de la Réforme nationale et d’Al-Mostakbal seraient sur le point de former un nouveau bloc rassemblant près de 90 députés.
«On ne peut pas faire les choses à l’envers, a commenté l’avocat, puisque c’est au président de la république de prendre l’initiative».
C. B. Y.
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