Abdelhamid Bouchnak, jeune scénariste et réalisateur du feuilleton télévisé ‘‘Nouba’’, saison 2, révolutionne le regard de notre société sur le phénomène du viol et, surtout, sur le sort de la femme violée.
Par Hamza Ben Hmida *
Dans le théorème admis de certains «fins connaisseurs», femme violée équivaut à femme anéantie, femme détruite, femme finie… Cet événement qu’est le viol qui s’apparente à un cataclysme, une débandade, une bérézina sonnerait le glas de leurs vies, les laissant à la marge de la société. Et, c’est sûrement encore pire dans la société impitoyable qu’est la société tunisienne où conservatisme et obscurantisme ne font que renforcer les lianes et les chaînes imposées par ces idées tordues héritées depuis des siècles. La femme violée resterait malheureusement symbole de déshonneur dans certains milieux…
Un artiste génial nageant à contre-courant
Mais voilà, que vient un artiste génial, qui décide de jeter contre le mur ces idées saugrenues et morbides. Cet artiste n’est autre que Abdelhamid Bouchnak, scénariste et réalisateur de ‘‘Nouba’’, qui à travers son feuilleton, diffusé par la chaîne Attessia au cours des soirées du mois de ramadan, décide encore une fois de nager à contre-courant et de traiter le sujet différemment.
Après une phase logique de deuil (vis-à-vis de l’événement) qui ne dure pas longtemps, la femme violée Hbiba, interprétée à merveille par la brillante Amira Chebli, ne se vêtit pas d’une parure de défaitisme et ne s’apitoie pas longtemps sur son sort. Au contraire, cette femme se lève et défie son violeur, catapultant aux oubliettes tout ce que peut lui imposer la société.
Le personnage de Hbiba dans cette saison 2 de ‘‘Nouba’’ est fort, méthodique et emporte tout sur son passage tel une bombe atomique.
Bouchnak va encore plus loin en faisant que son mari et son entourage soutiennent Hbiba et acceptent l’enfant issu de cet acte abominable, donnant des crampes au cerveau à une frange de donneurs de leçons et d’arriérés.
Hbiba savoure sa victoire devient un cauchemar pour son violeur
S’il y a bien une scène à retenir pour Hbiba, c’est bien celle de la danse dans le cabaret qui est synonyme de libération et un acte de rébellion final contre les lois handicapantes d’une société conservatrice. Dans cette scène qui, nous en sommes sûrs, restera dans les annales de la production dramatique tunisienne et arabe, Hbiba danse, se donne à cœur joie et savoure sa victoire. Une victoire interne avant tout, car elle a tout surmonté pour devenir le pire cauchemar de son violeur, Bringa, rôle campé par Chedly Arfaoui.
La morale de l’histoire et la leçon à retenir est que femme violée équivaut à femme battante qui se relève de tous ses maux et qui impose sa volonté à la société. Il y a tant de «Hbiba» dans notre société qui se sont sûrement reconnues en elle et à qui Hbiba a donné courage et force d’affronter leurs bourreaux. Courage à ces femmes qui ont fait le choix de la résistance et qui ont tout le mérite et le respect qui se doivent !
Les choses commencent à bouger depuis quelque temps et ces femmes ne doivent en aucun cas oublier qu’il y a des collectifs et des associations comme le mouvement Ena Zeda qui feront tout, vraiment tout, pour les soutenir et les protéger.
* Ingénieur d’études.
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