Après Samir Dilou, c’est au tour d’un autre dirigeant au sein du mouvement Ennahdha, à savoir Mohamed Ben Salem, de contredire ce qui a été explicitement dit dans un communiqué officiel du parti, dimanche dernier, et de prétendre que son mouvement n’avait pas l’intention de faire chuter le gouvernement d’Elyes Fakhfakh. Et pour cause…
Par Cherif Ben Younès
Ennahdha a rapidement compris qu’il était seul contre tous et qu’il s’était trop précipité en annonçant avoir chargé son président, Rached Ghannouchi, d’entamer les concertations autour du nouveau gouvernement.
Tour à tour, le président Saïed, le secrétaire général d’Attayar, Mohamed Abbou, et le porte-parole de l’UGTT, Sami Tahri, ont signifié au parti islamiste, via des sorties médiatiques, que, pour le moment, ils soutiendront le gouvernement actuel.
Ennahdha, dos au mur, tente une nouvelle pirouette
Le chef de l’Etat s’est même offert le luxe d’adresser un message moralisateur aux islamistes, tout en assurant qu’il ne se concertera jamais avec eux, tant que Fakhfakh est en exercice de ses fonctions.
Dans la soirée d’hier, ce dernier leur a adressé un autre coup dur, en faisant entendre, via un communiqué, qu’il comptait exclure Ennahdha de sa coalition gouvernementale.
Aujourd’hui, le parti islamiste envoie d’autres personnalités, moins «bornées» et moins virulentes, aux médias pour s’exprimer sur la situation actuelle, probablement dans une tentative désespérée d’arrondir les angles, après avoir compris qu’il était dans une position de faiblesse.
Ainsi les Abdelkarim Harouni et Noureddine Bhiri, les plus en vue ces derniers temps, laissent place aux Dilou et Ben Salem, moins acariâtres. Et le discours change, en conséquence, de façon radicale…
«Si Ennahdha décidait de renverser le gouvernement, il aurait eu recours au Parlement sans gêne, mais il ne l’a pas fait parce que les positions du mouvement sont toujours tournées vers dialogue et la recherche de compromis», a lancé l’ancien ministre de l’Agriculture, lors d’un entretien accordé à Mosaïque FM, ce mardi 14 juillet 2020, ajoutant qu’il souhaiterait, pour le bien du pays, que les soupçons de conflits d’intérêts pesant sur Fakhfakh soient exagérés.
Mohamed Ben Salem a, par ailleurs, estimé que la coalition gouvernementale actuelle représentait «l’image la plus sincère des résultats des élections» car les Tunisiens ont choisi, selon lui, «un président et des partis proches de la révolution», ajoutant que ce gouvernement réussirait «s’il abandonnait son enfantillage».
Maîtres es-duplicité, mensonges et magouilles
Pourtant, le seul parti de la coalition qui n’est pas satisfait de la composition du gouvernement est le sien. L’élargissement de ce gouvernement est même le point central et, de loin, le plus redondant dans les déclarations des dirigeants d’Ennahdha depuis plusieurs mois.
Bref, le parti islamiste, toujours fidèle à sa stratégie communicationnelle, nous dit les choses et leurs contraires. S’étant retrouvé dans une impasse, et dos au mur, il tente un nouveau virage. Entre-temps, plus personne ne croit à la sincérité de ses dirigeants, devenus maîtres es-duplicité, mensonges et magouilles.
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