Le 29 janvier 2011, Rached Kheriji dit Ghannouchi, qui vivait ses dernières heures d’exil à Ealing Broadway, le quartier cossu à l’ouest de Londres où le chef historique des islamistes tunisiens avait élu domicile, s’est fendu d’un post facebook dont lequel il expliquait qu’il n’était pas du tout intéressé par le pouvoir mais depuis l’ancien exilé d’Ealing Broadway s’est rapidement embourgeoisé et a facilement cédé aux sirènes du pouvoir. Aujourd’hui, il en est devenu carrément accro, au point de s’y accrocher comme un affamé.
Par Imed Bahri
«Je rentre demain dans mon pays chéri, et comme je l’ai annoncé dans plusieurs entretiens de presse et télévisés, je n’ai aucune intention de me présenter à aucune élection présidentielle ou parlementaire et je ne convoite aucun poste», écrivait-il dans ce post. On dirait un ascète ou un soufi complètement désintéressé des choses matérielles de la vie.
Mais l’ancien exilé d’Ealing Broadway pousse plus loin la chanson de la nostalgie et en on a presque la larme à l’œil: «Tout ce je veux c’est respirer l’air de mon pays dont j’ai été privé depuis plus de 20 ans et de prier dans la Zitouna et de saluer chaque grain de la terre de mon pays chéri de Bizerte à Tataouine en passant par mon fief d’El-Hamma. En un mot, je veux être un citoyen tunisien ordinaire».
En écrivant ce passage, Ghannouchi voulait faire comprendre aux Tunisiens, dont beaucoup appréhendaient beaucoup son retour, qu’il allait quitter Ealing Broadway et rentrer à Tunis juste pour sortir le matin boire un café, lire le journal, acheter quelques baguettes puis rentrer chez lui comme tout citoyen ordinaire. Mais, on le sait, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
«Cette immense révolution n’est la révolution d’aucun parti politique ni d’aucune personnalité politique mais c’est la révolution des jeunes, ces jeunes qui ont fait face aux balles avec leurs bustes nus, courageux et plein d’amour pour la Tunisie rêveuse d’un lendemain meilleur pour tous les Tunisiens et toutes les Tunisiennes et je partage leur rêve d’une Tunisie sans corruption, sans clientélisme et sans favoritisme», poursuit Ghannouchi, qui ne tardera pas à prétendre incarner lui-même et son parti, Ennahdha, cette fameuse révolution qu’ils ont dévoyée, en prenant le pouvoir, dès la fin de 2011 pour le plus le lâcher, faisant basculer la Tunisie dans une crise généralisée où elle continue de s’engouffrer jour après jour, au point que beaucoup de Tunisiens ont aujourd’hui la nostalgie de l’avant-11 janvier 2011, pour ne pas dire de la dictature de Ben Ali. Et pour cause : la corruption, l’affairisme, le clientélisme et le favoritisme ne se sont jamais mieux portés dans leur pays que depuis le retour de Ghannouchi et sa smala islamiste.
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