Suite aux nombreuses critiques que le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a subies, après avoir décidé de retirer le projet de loi gouvernemental relatif à la communication audiovisuelle du Parlement, hier, mardi 20 octobre 2020, il s’est engagé, aujourd’hui, à le renvoyer le plus tôt possible à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP)… après sa révision.
C’est ce qu’a annoncé sa conseillère chargée de l’information et de la communication, Samah Meftah, dans une déclaration accordée à Mosaïque FM, précisant que son patron souhaite d’abord s’assurer que le projet de loi en question respecte la liberté d’expression et des médias, la constitution tunisienne et les intérêts du secteur.
Elle a ajouté que «le projet sera renvoyé à l’Assemblée dès que possible, suite à des consultations avec les parties prenantes du secteur, en vue de se mettre d’accord sur son contenu et ses orientations qui engageront le gouvernement et répondront aux ambitions du secteur».
Pourvu que ces «parties prenantes» ne soient pas Nabil et Ghazi Karoui, respectivement président et député de Qalb Tounes, qui détiennent une chaîne de télévision illégale (Nessma) et seraient proches du chef du gouvernement.
Rappelons que le timing de la décision de Mechichi, qui a coïncidé avec la plénière consacrée à l’examen de l’amendement controversé du décret-loi 116 relatif à la communication audiovisuelle, a suscité des craintes quant à l’intention du chef du gouvernement de libérer la voie à troïka parlementaire (Ennahda, Qalb Tounes et Al-Karama) pour faire passer cet amendement. D’autant plus que la veille, il avait insinué, lors de son interview à la télévision nationale, qu’il soutenait l’initiative de la coalition Al-Karama.
Alors Mechichi ignore-t-il, innocemment, l’enjeu politique qui entoure cette affaire et les risques que ferait courir l’initiative d’Al-Karama à la Tunisie ? Ou est-il simplement un complice de la troïka, comme le pense notamment Sami Tahri ?
En tout cas, si on en croit Samah Meftah, on se pencherait plutôt vers la première option (qui semble pourtant beaucoup moins plausible), car selon la journaliste, Mechichi manque d’informations et n’avait même consulté le projet de loi présenté au Parlement par son prédécesseur, Elyes Fakhfakh, d’où sa décision.
Mechichi devrait, par ailleurs, rencontrer, aujourd’hui, des représentants du bureau exécutif du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et de la Fédération générale des médias (FGM) pour se concerter autour du sujet.
Notons qu’Attayar a annoncé, hier soir, qu’il présentera au Parlement le projet de loi retiré par Hichem Mechichi.
C. B. Y.
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