En réaction aux propos tenus par le député islamiste Rached Khiari, justifiant le meurtre prémédité par décapitation par un terroriste islamiste du professeur d’Histoire Samuel Paty, un groupe de personnalités tunisiennes des milieux politique, universitaire, artistique et de la société civile ont publié une pétition où elles dénoncent l’apologie du terrorisme. Nous reproduisons le texte et la liste des signataires ci-dessous.
Nous, signataires de la présente pétition,
Dénonçons vivement, et de la manière la plus ferme, les propos tenus par le député islamiste Rached Khiari, qui a justifié le meurtre prémédité par décapitation par un terroriste islamiste du professeur d’Histoire Samuel Paty, en pleine rue, près de son collège, dans les Yvelines en France, où il enseignait, au prétexte que ledit enseignant a montré à ses élèves des caricatures du prophète Mohammed.
Justifiant ce crime odieux, le député, protégé par l’immunité parlementaire, s’autorise ouvertement à dire à travers un post sur son compte Facebook, largement diffusé par les médias, que : «L’offense au Messager d’Allah est le plus grave des crimes et celui qui le commet doit en assumer les conséquences, qu’il s’agisse d’un Etat, d’un groupe ou d’un individu». Il persiste et signe lors d’un passage à la chaîne qatarie Al-Jazira, en dépit de l’effort désespéré du journaliste de lui arracher une condamnation ferme de l’acte terroriste.
Conscient.e.s que la Révolution a ouvert une nouvelle page d’histoire en bannissant tous les systèmes de violence et de dictature; que la Constitution de 2014 a traduit le message de la révolution en accordant les libertés de culte, de croyance et de conscience, favorables à la coexistence de toutes les religions et de toutes les opinions. Libertés dont l’Etat est désormais le seul garant;
Conscient.e.s qu’aucune conscience politique, religieuse ou philosophique n’est aujourd’hui en droit d’assumer une quelconque tutelle ou quelconque direction, de quelque nature que ce soit, sur les consciences humaines des citoyens et sur les âmes.
Conscient.e.s que le terrorisme n’est pas seulement d’ordre physique et matériel (décapitation de Samuel Paty), il est aussi d’ordre verbal (le député Rached Khiari), plus pernicieux et diffus. Vanter les mérites de la décapitation du professeur Samuel Paty en public, comme châtiment divin, dans les réseaux sociaux, est une forme d’assassinat indirect ou psychologique.
Au parlement, le terrorisme physique a pris la forme de la terreur verbale, comme c’est le cas pour le député Khiari. Le discours de justification du terrorisme est lui-même une des formes abjectes de terrorisme. Il incite à la haine, au crime de ses semblables, à l’acte innommable, surtout dans un monde moderne disposant d’outils sophistiqués de destruction, ainsi que de réseaux sociaux aptes à la manipulation des esprits.
Conscient.e.s des effets néfastes d’une telle apologie sur la scène nationale, nous saluons avec considération la condamnation de l’acte terroriste et son apologie par des organisations, des forces politiques et des associations et acteurs de la société civile.
Nous nous étonnons du silence assourdissant de la majeure partie de la classe politique et des groupes parlementaires sur l’apologie du terrorisme faite par le député en question.
Nous appelons l’Etat à assumer ses responsabilités, lorsqu’un député de la nation, élu dans un système démocratique attaché à des valeurs universelles, justifie un crime effroyable commis par des islamistes en France, qui se prennent pour un tribunal de l’impiété ou des délégués chargés d’une mission divine usurpée. L’Etat doit donner suite à l’enquête décidée par le parquet et l’Assemblée autoriser la levée de l’immunité du député Rached Khiari en vue d’être traduit devant la justice.
Signataires :
–Ridha Chennoufi, professeur de philosophie politique;
-Hatem M’rad, professeur de science politique;
-Raja Ben Slama, professeur de Lettres et de civilisation arabes et psychanalyste;
-Hamadi Redissi, professeur de science politique;
-Ali Mezghani, professeur de droit;
-Yadh Ben Achour, professeur de droit, ancien doyen;
-Fethi Ben Slama, professeur de psychanalyse (France);
-Hamadi Ben Jaballah, professeur de philosophie;
-Mohamed Cherif Ferjani, professeur honoraire de science politique (France);
-Kamel Jendoubi, ancien ministre;
-Fadhel Jaziri, cinéaste;
-Sami Zemni, professeur de science politique (Belgique);
-Melika Ouelbani, professeur de philosophie;
-Alia Gana, directrice de recherches au CNRS;
-Rabaâ Abdelkafi, universitaire;
-Abdelhamid Largueche, professeur d’histoire;
-Néji Baccouche, professeur de droit. ancien doyen;
-Kalthoum Mziou, professeur de droit, ancienne doyenne;
-Sophie Bessis, historienne, chercheuse associée à l’IRIS;
-Dalenda Largueche, professeur d’histoire / études genre;
-Hassouna Mosbahi, écrivain;
-Faouzia Charfi, professeur de physique;
-Abdelaziz Kacem, professeur de lettres;
-Lotfi Aissa, professeur d’histoire culturelle;
-Maryam Ben Salem, maître de conférences en science politique;
-Sana Ben Achour, professeure de droit;
-Asma Nouira, professeur de science politique;
-Hafidha Chekir, professeure de droit;
-Nabila Hamza, conseillère municipale, membre du Bureau de l’ATFD;
-Abdelkarim Allagui, professeur d’histoire;
-Nabil Ben Azzouz, professeur d’histoire
-Mounira Chapoutot-Remadi, professeur d’histoire;
-Mounir Khelifa, professeur de littérature anglaise;
-Hafedh Chekir, démographe;
-Mustapha Haddad, ingénieur conseil;
-Ridha Benamor, sociologue.
-Sadok Chikhaoui, enseignant et ancien fonctionnaire des NU;
-Dr. Salem Hamza, psychiatre.
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