Les «artistes déguisés» membres du collectif baptisé « Ministère des artistes en colère » (Mac) ont adressé un message à leurs compatriotes pour expliquer leur mouvement et leurs revendications. «Nous croyons dur comme fer qu’une société sans projet culturel fort, moderne, inclusif et équitable, ne peut pas évoluer», déplorent-ils, en affirmant qu’il seront à nouveau partout : «dans les rues, dans les cafés, en bas de chez vous ou dans les couloirs du Ministère des Affaires Culturelles...».
Ces artistes, qui avaient fait le buzz le soir de l’ouverture des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) vendredi dernier à Tunis, et qui avaient particulièrement attiré l’attention pour leur accoutrement, ont publié un message ce mardi 22 décembre 2020, pour expliquer leur démarche : «Nous avions besoin d’aiguiser votre curiosité, d’attirer votre attention… et ça a marché ! Maintenant passons aux choses sérieuses», ont-ils indiqué via leur page Facebook.
«Vous vous demandez qui nous sommes ? Nous sommes avant tout des Citoyen.ne.s Tunisien.ne.s qui interrogeons la réalité dans laquelle nous vivons, et l’état actuel de notre pays. Nous sommes jeunes, ambitieux.ses et en colère. Nous avons choisi l’art comme vocation et comme métier.
Et tout ce que nous souhaitons c’est de l’exercer dans le respect et la dignité», ont-ils encore ajouté.
Le « Ministère des artistes en colère » affirme que le mouvement est politique, sociétal et esthétique et aussi anonyme : «car étant conscient.e.s des rouages du système, nous refusons d’être récupéré.e.s par les médias, les institutions et par le clanisme qui dévore la scène culturelle depuis des décennies».
Ainsi le MAC a expliqué, via ce message, les causes qu’il défend à travers ses actions et ses prises de positions en affirmant qu’il dénonce notamment la situation des artistes et leur place dans la société, l’inaction des autorité et la complicité des médias, citant :
«la politique culturelle inexistante des gouvernements successifs, la place et l’image des artistes dans notre société, la précarité financière et matérielle dans laquelle se trouve une grande majorité d’artistes, la corruption qui ronge le peu de budget accordé à la culture, la complicité des médias dans l’abrutissement général et l’effacement de l’art dans la culture populaire, la gestion patriarcale, réactionnaire et traditionaliste des institutions culturelles et l’absence de stratégie concrète et efficace dans la décentralisation et l’accès à l’art et à la pratique artistique».
Le collectif ajoute que les citoyennes et les citoyens «en manque d’art, d’émotion, de folie, d’originalité, de lien, de rêve, de réflexions» ont le droit à l’accès à l’art et à la culture et le devoir de le revendiquer.
Dans leur message, ces artistes engagés affirment qu’ils seront à nouveau partout :«dans les rues, dans les cafés, en bas de chez vous ou dans les couloirs du Ministère des Affaires Culturelles pour imposer notre existence, notre créativité et tenter à notre manière, d’agir sur notre avenir et changer radicalement les choses !».
Y. N.
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