«Kaïs Saïed est dupe, il s’est fait piéger par Mohamed Frikha, c’est une gaffe monumentale de s’être affiché avec lui», a déclaré hier soir, lundi 22 mars 2021, l’activiste politique Jalel Brick, très remonté, qui accuse Frikha d’utiliser Saïed. Vidéo Jalel Brick.
Par Imed Bahri
Le fait que le président de la république assiste aux côtés du patron de Telnet, fabricant du nano-satellite tunisien, au lancement de ce dernier permet de réhabiliter l’homme d’affaires et de le remettre en scelle alors que son autre entreprise Syphax Airlines est criblée de dettes et doit rembourser des sommes colossales à l’Etat. Pire encore, des soupçons de transport de djihadistes tunisiens, qui auraient gagnés la Syrie via la Libye et la Turquie, pèsent sur cette compagnie depuis des années.
La présence du chef de l’Etat aux côtés de l’homme d’affaires proche des islamistes et à la réputation sulfureuse lors du lancement du nano-satellite de son entreprise Telnet n’a pas été du tout du goût de bon nombre de Tunisiens dont Jalel Brick, qui se définit comme opposant installé à Paris et non pas comme cyber-activiste. Dans une vidéo devenue très vite virale ayant dépassée les 30.000 vues sur Facebook en l’espace de seulement quelques heures, ce dernier est revenu longuement sur cette épisode.
L’homme d’affaires et député Ennahdha traîne des casseroles
Pourquoi diriez-vous? Il y a deux raisons, d’abord l’homme d’affaires, dont la proximité avec les islamistes n’est pas un mystère et qui fut député Ennahdha de Sfax lors de la précédente législature, traîne des casseroles.
En effet, son autre entreprise, Syphax Airlines avait des dettes s’élevant à 171 millions de dinars tunisiens (MDT) en 2017, dont une bonne partie doit être remboursée à des institutions et des entreprises publiques ayant un besoin urgent de liquidité. Et on ne sait pas si Syphax a terminé le remboursement ces dettes colossales ou pas.
Ensuite, la compagnie aérienne, qui a vu le jour et bénéficié de beaucoup de facilités à l’époque de la part des gouvernements islamistes, est souvent pointée du doigt pour être impliquée dans le dossier explosif des réseaux de voyage des djihadistes tunisiens en Libye et en Syrie (via Istanbul), des accusations qui n’ont pas cessé depuis des années. Problème: l’enquête parlementaire sur ce dossier explosif entreprise sous la précédente législature demeure secrète en dépit des appels incessants à la rendre publique mais refus catégorique des islamistes d’Ennahdha, dont le chef et président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, ne veut pas en entendre parler, refus qui renforce davantage les soupçons sur Ennahdha et M. Frikha, qui fut son député. Quant à l’affaire intentée sur le même sujet, elle n’a pas été examinée par la justice, raison qui renforce encore et encore les soupçons.
Ces deux raisons ont fait que le sulfureux homme d’affaires a longtemps été dans l’œil du cyclone et font que Jalel Brick accuse Saïed, champion de la lutte contre la corruption, comme il aime s’afficher lui-même, de réhabiliter le patron fondateur de Syphax Airlines, en assistant à ses côtés au lancement du nano-satellite de Telnet, l’autre entreprise de l’homme d’affaires.
Saïed s’est fait piéger en s’affichant avec Frikha
Le fils d’Ali Brick et de Zohra Ghaddhab considère que Saïed est dupe et qu’il s’est fait piéger en s’affichant avec Frikha: «D’abord ce n’est pas un satellite mais un nano-satellite et la prouesse revient à la fusée russe qui l’a transporté avec d’autres satellites et nano-satellites fabriquée par le cerveau communiste soviétique et non pas par le cerveau arabo-musulman», a-t-il expliqué. Et de lancer au président de la république : «De quelle lancement tu parles? Tu te prends pour Poutine? Ensuite, cette histoire de nano-satellite est une manœuvre de Frikha pour qu’on oublie ses magouilles et pour se remettre en scelle. Tu t’es fait piéger! N’as-tu pas promis de ne pas fréquenter les escrocs et des malhonnêtes?», en faisant allusion aux casseroles que traîne l’homme d’affaires de Sfax.
Le neveu de Salah Brick a enfoncé le clou en considérant que Frikha est un escroc qui n’a pas remboursé ses dettes surtout envers l’Etat, que c’est un islamiste et pire, il l’a même qualifié de terroriste impliqué avec Rached Ghannouchi dans le dossier du transport des djihadistes tunisiens en Libye et en Syrie via Istanbul. «Maintenant il est sauvé. Avec son apparition avec toi, il est réhabilité. Les portes des banques vont s’ouvrir à lui de nouveau», a dit l’activiste politique. Puis s’adressant aux Tunisiens, auxquels il reproche leur niaiserie, il leur a lancé : «Vous et votre président, vous êtes des dupes. N’importe qui peut vous rouler dans la farine. Vous avez cru un charlatan Kammoun, ou comment il s’appelle déjà, en Allemagne, qui a prétendu avoir découvert le vaccin du Covid l’année dernière. Vous avez cru à l’imposture Olfa Hamdi. Vous avez cru que vous avez entrepris une révolution alors que c’était un coup d’Etat. Vous avez cru que la standing ovation au Congrès vous était destinée alors qu’ils applaudissaient le succès de leur plan et ils vous ont piégés. N’importe qui peut vous piéger. Vous m’excédez, vous allez me tuer,’ ‘ikib saadkom w ihamem waâdkom’’ (expression intraduisible en français, signifiant, à peu près, «allez vous faire voir»). Toi, Kaïs Saïed, Mohamed Frikha peut te piéger mais il ne peut pas piéger Jalel Brick».
À ce dernier, l’activiste a lancé, en guise de conclusion : «Maintenant que tu as réussi ton coup du nano-satellite, tu rembourses ta dette !»
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