Les cafés et restaurants sont fortement secoués depuis une année, et même déjà sinistrés par une gestion gouvernementale de la pandémie de la Covid-19 que de plus en plus de voix dénoncent; il est désormais sinistré de l’avis de ses connaisseurs. Les mesures consistant notamment dans l’imposition du couvre-feu dès la tombée de la nuit, seront encore plus catastrophiques pour le secteur durant ramadan.
Par Farhat Othman *
Après les dernières mesures annoncées par le gouvernement, motivées par la Covid-19, la centrale patronale Utica vient de qualifier de tragique la situation des propriétaires et employés des cafés et des restaurants, appelant le gouvernement à les aider urgemment. Or, au-delà du nécessairement parcimonieux et même hypothétique secours gouvernemental, il est une mesure radicale qui pourrait être prise et qui sauvera plus sûrement un secteur au bord du gouffre.
Un secteur qu’on sinistre encore plus
Les cafés et restaurants sont fortement secoués depuis une année, et même déjà sinistrés par une gestion gouvernementale de la pandémie que de plus en plus de voix dénoncent; il est désormais sinistré de l’avis de ses connaisseurs.
Aussi, en attendant la réaction de la centrale syndicale UGTT qui ne saurait se taire, force est de noter encore une fois que les mesures consistant notamment dans l’imposition du couvre-feu dès la tombée de la nuit, seront encore plus catastrophiques pour le secteur durant ramadan. Car, faut-il le rappeler, durant le mois du jeûne et en toute illégalité, les autorités imposent la fermeture des cafés et restaurants dans la journée, sauf autorisations parcimonieuses exceptionnelles et dans des conditions pour le moins loufoques leur imposant de se cacher à la vue.
Aussi, la décision du couvre-feu dès la tombée de la nuit ne veut rien dire d’autre sinon la fermeture des dits commerces durant tout le mois du ramadan ; une fermeture qui sera assurément définitive pour la majorité déjà fortement éprouvée, puisqu’on ne compte plus les dépôts de bilan.
Or, le supposé respect du jeûne et du jeûneur avec la fermeture de jour de ces commerces est synonyme de leur mort annoncée ainsi que la misère sur ordonnance officielle pour nombre de familles en piteux état et dont dépend leur survie même.
Pourtant, en bonne application des préceptes cardinaux de l’islam, il est impératif de suspendre l’application des préceptes religieux si leur conséquence favorise le mal, non le bien ; ce qui est le cas ici. Alors, aura-t-on enfin de la part de nos responsables si souvent irresponsables une manifestation de raison tout autant que de véritable éthique islamique ?
Une solution au nom de la morale et de la religion
Certes, le gouvernement promet des aides, mais cela ne suffira pas à limiter une casse d’ores et déjà phénoménale. Aussi, la seule issue pouvant être utile serait d’oser sortir cette année de la situation actuelle ubuesque, et qui est contraire à la fois au droit en bafouant la liberté du commerce, en s’attaquant aux libertés individuelles, et qui viole aussi la morale et la religion correctement interprétées.
Concrètement, cela consistera à cesser d’imposer la fermeture des cafés et restaurants dans la journée durant ramadan sur la base de cette circulaire illégale que, bien que dénoncée depuis si longtemps, tous les gouvernements et les majorités parlementaires successifs continuent à appliquer, refusant de reconnaître son illégalité. Il est par conséquent temps de décider de ne plus l’appliquer !
Afin de limiter les dégâts pour un secteur par trop sinistré, il est impératif pour le gouvernement actuel d’autoriser l’ouverture de jour durant tout ramadan des cafés et restaurants; et ce ne serait pas seulement pour la raison de pur droit qu’il persiste à ignorer outre les exigences de l’état économique du secteur. En effet, les plus pusillanimes en son sein, ces tartuffes prompts à user de la religion pour justifier les abus et qu’il craint, ne pourront que se taire s’ils ne veulent pas démontrer leur ignorance de l’essence même de leur religion.
Entendra-t-on aussi le mufti de la république demander pareille ouverture salutaire et la justifier en impératif catégorique islamique ? C’est bien d’éthique islamique qu’il s’agit, effectivement, l’excès d’une supposée piété n’étant qu’un abus de fausse piété qui plus est !
Sinon, cafetiers et restaurateurs, qu’on entend au reste protester déjà, seront en droit de refuser d’obéir à un texte aussi bien juridiquement illégal que moralement et religieusement, car l’islam encourage la désobéissance salutaire. C’est que la foi d’islam est, à la base, celle des droits et des libertés, dont celle du commerce jusques et y compris durant ramadan. En effet, le vrai jeûne n’est pas ostentatoire et ne se fait pas nécessairement qu’au milieu des jeûneurs, le jeûne véritable étant pour Dieu. Et c’est la vraie foi, foi du cœur; et en somme, le vrai islam !
* Ancien diplomate et écrivain.
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