À l’occasion de la visite en Tunisie du Premier ministre français Jean Castex, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) et le Mouvement des entreprises de France (Medef) ont organisé, le jeudi 3 juin 2021, au siège de l’Utica, une Rencontre économique tuniso-française sous le thème : «Partenariat tuniso-français pour une plateforme d’innovation régionale».
Ouvrant les travaux de cette rencontre Hichem Elloumi, vice-président de l’Utica et co-président du conseil des chefs d’entreprises France-Tunisie, a souligné que l’année 2020 a été marquée par les effets néfastes de la pandémie Covid-19 qui a plongé le monde dans une crise économique, sanitaire et sociale sans précédent. M. Elloumi a ajouté que les entreprises tunisiennes ont vécu une période de grande souffrance, avec une forte instabilité et des réactions variables au choc, conduisant dans certains cas à l’arrêt total de l’activité.
Aujourd’hui et avec l’accélération des campagnes de vaccination, l’espoir revient et nous commençons à retrouver les chemins de la croissance, a-t-il expliqué.
Un site compétitif intégré dans les chaînes de valeurs mondiales
La Tunisie, a affirmé M. Elloumi, offre un site compétitif parfaitement intégré dans les chaines de valeurs mondiales, notamment dans l’industrie et les services à valeur ajoutée (tels que l’aéronautique, l’automobile, l’électronique, le textile, la santé…) et particulièrement, celui du numérique, qui est un secteur dynamique composé d’entreprises et de startups innovantes, disposant de hautes compétences reconnues sur le plan international.
Le vice-président de l’Utica a souligné dans son allocution que le co-développement, la coproduction et la co-localisation sont les maîtres mots des partenariats futurs.
«Construisons ensemble des projets en Tunisie, en France mais aussi en Afrique et dans la région euro-méditerranéenne», a conclu M. Elloumi, ajoutant que le défi à relever ensemble est celui de la technologie et du développement international.
Un environnement des affaires propice à l’entrepreneuriat
Intervenant lors du panel consacré aux relations économiques multisectorielles tuniso-françaises, Marc Renard, président de la task force numérique du Medef International, a souligné la spécificité des relations entre la Tunisie et la France appelant à la co-construction d’une coopération s’appuyant sur des projets communs et répondants aux besoins spécifiques des deux pays. Cette nouvelle étape permettra aux secteurs privés de travailler ensemble et de se projeter à l’extérieur. Il a mis en relief l’attractivité très forte de la Tunisie grâce à son savoir-faire et son environnement des affaires propice à l’entreprenariat.
Alain Griset, ministre français délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance chargé des Petites et moyennes entreprises, a ensuite pris la parole pour souligner que la crise sanitaire mondiale s’est traduite par des modifications profondes notamment dans l’utilisation du numérique. Il a mis en relief les relations privilégiées tuniso-françaises et les compétences et le dynamisme des entreprises tunisiennes.
Lui succédant, Ali Kooli, ministre de l’Economie, des Finances et du Soutien à l’investissement, a déclaré que la difficile crise sanitaire que nous traversons a toutefois permis de promouvoir la place du numérique dans l’économie et de développer le télétravail. M. Kooli a souligné que depuis de très nombreuses années, la Tunisie et la France travaillent ensemble comme le confirme la présence de 1400 entreprises françaises en Tunisie, ajoutant que ces entreprises font partie intégrante du tissu économique et industriel tunisien. Il appelé a travailler ensemble pour une relocalisation des ressources en Tunisie qui présente des conditions d’implantation avantageuses. Il a également appelé à travailler en commun sur le marché libyen et africain en général en répondant en commun aux appels d’offres.
La Tunisie dispose d’atouts pour la relocalisation des entreprises françaises
M. Elloumi est également intervenu lors de ce panel pour souligner que des entreprises tunisiennes sont présentes en Afrique et qu’elles disposent d’une bonne culture entrepreneuriale, ajoutant que la Tunisie dispose de grands atouts pour la relocalisation des entreprises françaises.
Lors des débats les participants ont soulevé des questions relatives au code des changes tunisien qu’ils ont qualifié d’ancien et rigide, à la fiscalité des entreprises totalement exportatrices, au problème de la délivrance des visas, etc.
Dans leurs réponses aux questions, les intervenants ont abordé des questions relatives à la réciprocité fiscale, à l’accroissement du dynamisme des entreprises par la fiscalité et à l’importance de l’intégration du secteur informel en Tunisie dans l’économie formelle. Ils ont également mis l’accent sur l’importance de la numérisation de l’administration pour aller vers une administration virtuelle et mis l’accent sur l’importance des projets structurants et pas seulement les projets d’extensions des entreprises françaises installées en Tunisie.
Coopération numérique et open innovation
Le deuxième panel de la Rencontre économique tuniso-française a été consacré au thème : «Coopération numérique et innovation».
Prenant la parole au début des travaux de ce panel, Kais Sellami, président de la Fédération nationale du numérique, a affirmé que le numérique dispose en Tunisie d’un écosystème très attractif et très orienté vers l’international. Les startups tunisiennes sont innovantes et grâce à la crise du Covid-19, tous les secteurs économique ont reconnu l’importance du digital dans le développement économique.
Le secteur du numérique tunisien a dépassé le stade de la sous-traitance et constitue aujourd’hui un secteur qui créé de la valeur ajoutée grâce au capital humain de la Tunisie qui dispose de vraies compétences aussi bien au niveau quantitatif que qualitatif. Ceci fait de la Tunisie un centre de compétence, a ajouté Sellami, appelant les entreprises françaises à investir en Tunisie pour créer des centres de développement et de compétences pour le numérique et une synergie franco-tunisienne pour le numérique.
Lui succédant, Christian Poyau, président de Micropole, a affirmé que la transformation digitale constitue une formidable opportunité aussi bien pour l’entreprise que pour les citoyens. Avec la crise du Covid-19, les entreprises ont compris les opportunités offertes par le digital, a-t-il ajouté. La transition digitale, qui doit être menée dans une approche de conduite du changement, va impacter aussi bien l’entreprise que l’ensemble de ses collaborateurs, a expliqué M. Poyau.
Adnen Trojette, conseiller du président de la république française, Emanuel Macron, a ensuite pris la parole pour souligner que déjà 200 entreprises françaises installées en Tunisie appartiennent au secteur du numérique et que la Tunisie dispose d’un cadre juridique incitatif pour le secteur. Il faut encourager et approfondir la collaboration entre les entreprises du secteur privé des deux pays, fluidifier et faciliter les relations entre elles pour encourager la circulation des idées et favoriser la création d’entreprises tunisiennes et françaises côte à côte pour relever les défis.
Un écosystème des startups orienté vers l’international
Fadhel Kraiem, ministre des Technologies de la communication, est également intervenu lors de ce panel pour présenter les orientations de la Tunisie pour le secteur du numérique. Il a affirmé que la Tunisie a été l’un des premier pays en Afrique à utiliser le numérique dans la lutte contre la Covid-19. La Tunisie, a ajouté M. Kraiem, dispose d’une économie à valeur ajouté grâce à son système éducatif qui produit des compétences reconnues.
Le positionnement géographique de la Tunisie, sa connexion avec 4 câbles sous-marins et un écosystème des startups orienté vers l’international fait d’elle un site attractif. L’objectif et la priorité pour la Tunisie aujourd’hui est l’inclusion numérique, a souligné le ministre.
Lors des débats, les participants ont soulevé des questions relatives à la mobilité des personnes et des visas ainsi que la problématique posée souvent par la signature électronique, soulignant que les paiements ne sont pas assez fluides. Ils ont également posé des questions relatives aux systèmes de sécurisation des réseaux, au numérique dans le secteur de la santé, affirmant qu’il faut une approche sectorielle pour la coopération dans le numérique.
Communiqué.
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