Les dirigeants du mouvement Ennahdha exercent des pressions sur le chef du gouvernement Hichem Mechichi pour le contraindre à débloquer les sommes nécessaires pour la mise en place du fameux Fonds Al-Karama, devant verser des compensations à quelque 29 950 pseudos victimes de la répression de l’ancien régime, qui sont tous, comme par hasard, des membres et des sympathisants du parti islamiste. Le problème c’est que non seulement cette opération est viciée et illégitime à la base, mais l’Etat tunisien est en quasi cessation de paiement et n’est pas en mesure de mobiliser les montants demandés.
Par Imed Bahri
En Tunisie, nous ne sommes plus à un sandale près et chaque jour que Dieu fait apporte son lot de scandales, dont le plus grave aujourd’hui c’est la recrudescence de la pandémie de Covid-19, menaçant le système hospitalier d’effondrement, dans la quasi indifférence des dirigeants politiques, occupés à placer leurs pions, les uns et les autres, dans les rouages de l’Etat.
En effet, le débat politique dans le pays, notamment au sein de la coalition au pouvoir (Ennahdha, Qalb Tounes et Al-Karama), ne porte pas sur les moyens à mettre en place pour faire face à la pandémie, qui tue près de 200 Tunisiens chaque jour, d’accélérer la campagne de vaccination qui fait du surplace et d’aider les familles nécessiteuses et les petites et moyennes entreprises affectées par la pandémie, mais il porte plutôt sur le choix des hommes et des femmes à placer dans les hautes responsabilités de l’Etat.
Des listes de bénéficiaires établies de manière totalement arbitraire
L’un des autres scandales révélés ces derniers jours concerne les pressions exercées par les dirigeants du parti Ennahdha sur le gouvernement pour qu’il mette en place le fameux Fonds Al-Karama devant verser des compensations aux personnes ayant soi-disant souffert de la répression de l’ancien régime.
On a établi une liste de 29 950 personnes, pratiquement toutes issues du parti islamiste, qui devraient bénéficier de ces compensations financières, qui posent plusieurs problèmes aussi bien moraux, que juridiques et politiques. Car, ces listes ont été établies par l’Instance Vérité et Dignité (IVD), sur la base d’enquêtes et de critères complètement arbitraires, car d’anciens membres de cette instance, notamment un médecin légiste, ont témoigné de graves dépassements, notamment de faux certificats médicaux délivrés par des médecins complaisants, souvent d’ailleurs les mêmes et appartenant tous visiblement au parti Ennahdha.
Ennahdha bichonne ses électeurs et accélère la faillite de l’Etat
Les gens ayant purgé des peines de prison prétendent tous avoir été injustement condamnés, or, il n’y a pas eu un examen judiciaire sérieux de leurs dossiers pour vérifier le bien-fondé des accusations sur la base desquelles ils ont été condamnés. C’est Sihem Bensedrine et son équipe qui ont établi les listes des personnes éligibles à la compensation, sans que la justice n’ait eu à dire son mot. Quand on connaît les accointances politiques de Mme Bensedrine et sa proximité des dirigeants d’Ennahdha, on ne peut que se poser des questions légitimes sur le bien-fondé de toute cette opération louche voire criminelle, car l’argent qui va ainsi être dépensé (on parle 3 milliards de dinars) sera puisé dans les caisses de l’Etat, donc payé par les contribuables qui, eux, n’ont fait de mal à personne.
Par ailleurs, l’Etat est aujourd’hui au bord de la cessation des paiements et a besoin de mobiliser quelque 22 à 23 milliards de dinars sous formes de prêts, auprès des banques tunisiennes et des bailleurs de fonds internationaux, pour pouvoir boucler son budget pour l’exercice en cours. L’argent pour le paiement des salaires et des pensions de retraite pour les prochains mois est encore à trouver et rien n’indique que les démarches entreprises en ce sens par le gouvernement sont sur le point d’aboutir. Mais cela ne préoccupe pas outre mesure le principal parti au pouvoir, Ennahdha en l’occurrence, qui fait des mains et des pieds pour obliger une marionnette appelée Hichem Mechichi, à mettre le peu de liquidités encore disponibles dans les caisses de l’Etat à la disposition du Fonds Al-Karama afin d’être distribuées aux électeurs du parti islamiste.
C’est plus que du cynisme, du clientélisme et de l’arrogance. C’est un crime caractérisé et ils le paieront un jour, sous une forme ou une autre.
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