Ils étaient venus d’Europe, de l’Amérique du Nord et d’ailleurs au lendemain de la soi-disant « révolution» de 2011 pour sauver la démocratie tunisienne. Certains ont fait leur beurre, et voilà qu’ils repartent… D’autres ont souffert d’un rejet du «revenant». Une petite poignée a réussi à apporter un petit plus au pays. On laisse aux lecteurs le soin d’identifier ces «hommes d’Etat»… d’un long weekend au soleil.
Par Helal Jelali *
Dare-dare, ils ont fait leurs valises… Ils n’y a plus de sous dans les caisses du pays, à quoi bon rester !
Ils étaient arrivés au lendemain de 2011, bien fringants, avec des chemises cousues sur mesure et des costards à 1000 euros. Et souvent des CV bien arrangés.
Ils étaient les spécialistes de «l’entrisme» dans les partis politiques et dans leurs bagages des dossiers pour vendre des produits de maquillage, des boîtes de conserve pour les grands magasins, des franchises pour des boutiques chic et choc…? Des VRP : vendeurs, représentants, placiers … L’ époque des grands banquets dans les restaurants de la banlieue nord de Tunis exhibés, en direct, sur les réseaux sociaux.
Une méconnaissance patente des réalités nationales
Ils avaient promis à certains naïfs qu’ils allaient faire de la Tunisie le Singapour ou le Hong Kong de la région. Certains avaient des vrais compétences d’universitaires, de managers, de banquiers, mais en politique, ils étaient des novices. Or, comme le dit l’adage : «Ferveur de novice ne dure pas longtemps».
Ils avaient joué le rôle d’experts pour l’écriture de la Constitution de 2014; ils se faisaient recruter par les partis politiques comme Ennahdha, Nidaa Tounes et Afek Tounes, c’étaient des «théoriciens» de la gestion publique avec une méconnaissance patente des réalités du terrain et d’une administration verrouillée depuis des décennies.
La grande majorité de ces experts avaient le même credo : ouvrir le marché tunisien à tous les vents de l’importation, la relance de l’économie par l’offre, et l’emprunt illimité. Et au diable le surendettement et l’inflation. Ainsi, certains apprentis sorciers avaient installé le pays dans le virage néo-libéral.
Pour les différents gouvernements et la haute administration, cette voie leur rendait la vie plus facile et permettait de calmer les frondes qui couvaient dans les régions déshéritées. Dans les faits, chacun trouvait son compte.
Des plans de carrière en guise de projets pour leur pays
«Harbou» (ils ont pris la poudre d’escampette), les managers-charters, quelques uns ont choisi de faire le business, la semaine, et passer le week-end chez leurs familles en Europe.
Aujourd’hui, ni vu, ni connu, discrètement, ils plient bagages et certains laissent même leurs partisans politiques dans le désarroi, quand ce n’est pas la colère.
Ceci étant dit, parmi «les revenants», il y a ceux qui avaient réussi à devenir des grands entrepreneurs ou des vrais serviteurs de l’Etat.
Une partie des «enfants prodiges» de la Tunisie n’avaient de projets pour le pays mais plutôt des plans de carrière pour eux.
Oscar Wilde avait raison d’écrire : «Un expert est un homme ordinaire qui donne son avis quand il n’est pas à la maison».
* Ancien journaliste basé à Paris.
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