Le Danois Mads Geisler enseigne à des pêcheurs tunisiens de Zarzis le sauvetage en haute mer des migrants clandestins échoués haute en mer.
L’Organisation international pour les migrations (OIM) estime que, depuis janvier 2015, plus de 4500 migrants ont trouvé la mort en essayant de traverser la mer pour atteindre les côtes européennes.
Médecin volontaire, Mads Geisler enseigne à des marins-pêcheurs tunisiens les rudiments du sauvetage en mer des milliers de réfugiés et de migrants à bord de ces embarcations de fortune qui tentent et retentent de traverser la Méditerranée pour atteindre «l’Eldorado» européen.
Depuis quelques mois, Dr Geisler, de l’organisation caritative internationale Médecins sans frontières (MSF), a élu domicile à Zarzis (sud-est tunisien), dans le cadre de cette mission humanitaire.
Etant donné que de plus en plus de migrants sont candidats à ces traversées du désespoir et qu’ils choisissent, en connaissance de cause, d’emprunter cette voie de la mort certaine, les marins-pêcheurs tunisiens, eux aussi très souvent souffrant d’une pauvreté extrême, se trouvent aux premières loges de cette crise mondiale des réfugiés.
«Cette expérience à laquelle sont confrontés les pêcheurs tunisiens peut être à la fois traumatisante et mortelle. Ces hommes se trouvent ainsi, en haute mer, face-à-face avec une embarcation en perdition avec à son bord des centaines de personnes prises de panique», a déclaré Geisler au quotidien danois ‘‘Politiken’’, ajoutant que «venir en aide à ces âmes perdues sans que cette opération de secours ne se transforme en une véritable catastrophe requiert une bonne formation et un solide savoir-faire.»
Le médecin danois estime que, malgré toute la bonne volonté de l’Etat et des garde-côtes tunisiens, «la situation demeure absolument insoutenable et inacceptable.»
Depuis 2015, plusieurs centaines de pêcheurs tunisiens ont reçu une formation en recherche et sauvetage de naufragés et en gestion de dépouilles. Ces stages se sont notamment concentrés sur l’enseignement des premiers soins aux survivants, au traitement et à l’enterrement des personnes décédées…
Mads Geisler a indiqué que l’aspect psychologique de son travail à Zarzis reste la tâche la plus difficile, expliquant que les pêcheurs tunisiens expriment assez fréquemment une certaine réserve face aux risques sanitaires que les opérations de sauvetage peuvent entraîner.
«Ces gens-là, avec le peu d’informations qu’ils ont, me font part de leur crainte de contamination. Ils me parlent de risques d’attraper le virus Ebola ou le Sida… Il s’agit donc pour moi de les assister à surmonter ces appréhensions et de les convaincre qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure. Pour le reste, ce sont des personnes qui apprennent vite et qui sont plus que disposées à venir en aide aux malheureux migrants», raconte encore M. Geisler
Marwan Chahla
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