Le jour où l’UGTT a appelé à la grève générale à Tataouine, le terrorisme a frappé impitoyablement cette ville du sud tunisien. Douloureuse coïncidence…
Par Salah El-Gharbi
L’attentat-suicide de mercredi, à Tataouine, venait de tuer quatre agents de la garde nationale et d’en blesser quatre autres, quand le secrétaire général du bureau régional de l’UGTT de cette ville frontalière avec la Libye a cru pouvoir lancer fièrement aux médias: «La grève a été une grande réussite». Les terroristes ne devaient pas cacher leur «fierté», eux aussi, d’avoir lâchement endeuillé, au-delà de Tataouine et des familles des agents abattus, la Tunisie tout entière.
Terrorisme, contrebande et Etat de droit
Certes, il serait excessif de faire le lien entre la grève générale parrainée par le bureau régional de la centrale syndicale à Tataouine et l’attaque terroriste. On est loin de penser que ce valeureux syndicaliste, qui fait le fanfaron, défiant l’Etat pour soutenir la contrebande, ait une quelconque complicité avec ces hommes de la terreur, ennemis jurés de l’Etat de droit.
Ce qui est sûr, c’est que la grève aurait dû avoir un impact négatif sur la mobilisation des forces de l’ordre. Et puis, cela fait des jours que l’on essaie de monter la population de la région contre l’Etat avec des déclarations farfelues et irresponsables en fustigeant la vigilance des autorités face à la recrudescence de la contrebande aux frontières tuniso-libyennes.
Après M. Kechrid, militant et enfant de la région, sur Nessma, voilà qu’un éminent membre du bureau exécutif de l’UGTT, Samir Cheffi, qui appelle le gouvernement à tolérer «la petite contrebande».
Vendre de l’essence au bord de la route
Tout en appelant le gouvernement à tenir ses promesses concernant la mise en place d’une zone franche à Ben Guerdane, on ne peut que s’étonner des postures politiciennes qui chercheraient à encourager une activité nuisible à l’économie du pays mais qui a aussi des répercussions négatives, à long terme sur le plan social et éducatif…
Est-il normal, par exemple, que les enfants de ces régions frontalières quittent l’école assez tôt, séduits par le gain facile, pour se livrer à des activités, certes lucratives, mais qui les privent d’un droit fondamental, celui de rêver à autre chose qu’à vendre de l’essence au bord de la route?
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