A propos du séminaire international sur «la diplomatie sportive, les défis économiques et le marketing pour la Tunisie par le sport», prévu le vendredi 3 juin 2016, à Tunis.
Par Fredj Bouslama *
En dehors des stades, le sport constitue-t-il un phénomène suffisamment sérieux pour devenir un sujet de débat entre économistes, diplomates et dirigeants sportifs ?
Certes, en Tunisie, il n’arrive pas encore à s’arracher à un gluant marécage de violence, de discorde et de conflits. Les plus modérés des politiciens diront qu’au regard de la situation économique, politique et sécuritaire du pays le sport n’est pas une priorité nationale.
Pourtant, Albert Camus lui-même – grand gardien de but, mais aussi philosophe – affirmait : «Ce que je sais de plus sûr à propos de la moralité et des obligations des hommes, c’est au sport que je le dois». La moralité, cette caractéristique humaine qui inhiberait en l’homme la tendance à la violence, à la haine et à la nuisance. Question épineuse quand on réfléchit sous cet angle au rôle que devrait jouer le sport pour empêcher nos jeunes de tomber dans la criminalité voire même le terrorisme.
Le sport n’est pas considéré comme une priorité nationale ?! Pourtant, il génère des richesses et des emplois, il représente environ 2% du PIB mondial (près de 1 200 Mds d’€) et il se présente comme LE marché en pleine forme puisqu’il affiche des taux de croissances enviables même dans les périodes de crise économique mondiale.
Le sport n’est pas considéré comme une priorité nationale ?! Pourtant, avec le taux d’audience record de près de 5 milliards de personnes dans le monde, lors des JO de Londres grâce aux 61.500 heures de diffusions dans 200 pays différents, les événements sportifs importants sont devenus les imbattables de l’audimat, de gigantesques vitrines du monde et des foires des nations. Le sport est devenu un vecteur marketing incomparable pour les groupes de pression internationaux ainsi que pour les États. Le Qatar et les Emirats peuvent d’ailleurs en témoigner.
Le sport n’est pas considéré comme une priorité nationale ?! Pourtant, à l’heure de la public diplomacy, du soft power et du smart power, la diplomatie sportive à été remodelée par Hillary Clinton en 2009 et bénéficie aujourd’hui de la part de l’administration américaine, d’un budget qui s’élève à 3 milliards de dollars. Un budget qui sert à apaiser les tensions, renouer des liens et même à essayer de panser des blessures rien que par le sport.
Le sport n’est pas considéré comme une priorité nationale ?! Pourtant tous les organismes importants du monde tels que l’ONU, l’Unesco et le PNUD s’y mettent, et même le CIO qui débarque avec ses jeux dans la diffusion de la paix dans le monde. Tout ça avec des budgets destinés à aider.
Alors oui, même si le sport n’est pas considéré une priorité nationale pour des raisons qu’on ignore, il est vraisemblablement aujourd’hui un véritable levier économique, un inestimable outil de marketing et une alternative pour rassembler les humains quand les guerres les séparent. Chargé de potentiel de développement social, humain et moral le sport est devenu, qu’il en déplaise à ces rétracteurs, un phénomène sérieux qu’il ne faut ni surestimer ni sous-estimer mais le compter parmi les voies possibles vers une situation meilleure. Vue la situation du pays qui justifie pour certain le report d’une réflexion profonde sur la modernisation et l’actualisation de notre politique sportive, le sport se présente ou en tout cas présente des pistes qui peuvent le transformer en secteur stratégique de développement économique et social en Tunisie.
C’est dans ce contexte mondial des politiques sportives, économiques et des relations internationales que l’Association tunisienne Sport Santé et Développement (ATSSD), Jasmine Foundation ainsi que l’Observatoire national de la jeunesse (ONJ) organisent un séminaire international sous le thème de «la diplomatie sportive, les défis économiques et le marketing pour la Tunisie par le sport», qui se tiendra le vendredi 3 juin 2016, à l’hôtel Africa, à Tunis.
Un programme copieux est proposé avec des panélistes tunisiens et étrangers. Des experts en relations internationales, en économie du sport et en politiques sportives débâterons en publique des enjeux économiques et géostratégiques du sport et de la position de la Tunisie sur ce nouveau front de compétition entre les nations.
Lors de ce séminaire, Gilles Klein, invité d’honneur en sa qualité de secrétaire général de l’organisation intergouvernementale de la World Sports Alliance présentera un projet de collaboration en cours avec la Tunisie. Un projet à valeur économique importante et qui permettrait de construire de nouvelles infrastructures sportives en faveur de la jeunesse Tunisienne dans les régions les plus démunies.
Trois ateliers sont prévus pour l’après midi pour réfléchir sur : 1. l’élaboration d’un plan de marketing et de communication pour la Tunisie lors des JO de Rio; 2. un document d’orientation sur la mise en place d’un système de diplomatie sportive; 3. un programme d’intégration de la jeunesse dans la publicité et le marketing pour la Tunisie.
* Président de l’Association tunisienne Sport Santé et Développement (ATSSD).
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