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Un bouc émissaire nommé Habib Essid

Habib-Essid-et-Beji-Caid-Essebsi

Faire porter à Habib Essid la responsabilité des difficultés actuelles de la Tunisie est une manœuvre politicienne qui n’absout pas le reste de la classe dirigeante.

Par Chedly Mamoghli *

Aujourd’hui que le chef du gouvernement Habib Essid est sur le départ, tous les les bons à rien de Tunisie se liguent contre lui et l’accablent. Ils font de lui leur bouc émissaire. Les incompétents et les lâches, qu’ils soient d’Ennahdha ou, surtout, de Nidaa Tounes – devenu un ramassis d’affairistes et d’opportunistes sans scrupules – veulent faire porter à Habib Essid toute la responsabilité de l’état actuel du pays, comme si eux ne formaient pas la coalition gouvernementale et n’assumaient aucune responsabilité. Ils veulent faire croire à l’opinion publique que c’est Habib Essid qui est la cause de tous les torts afin qu’ils puissent continuer à manœuvrer et à servir leurs desseins politiques.

La mentalité du pharaon

M. Essid, que nous avons critiqué quand il le fallait – j’ai toujours pensé que son profil bureaucratique ne peut pas répondre aux exigences et aux défis actuels de la Tunisie – mais il faut rappeler que c’est Béji Caïd Essebsi qui porte toute la responsabilité parce que c’est lui qui l’a nommé et l’a, jusque-là, fermement soutenu et défendu son bilan. Le président de la république ne veut pas d’un chef de gouvernement charismatique et doté d’une forte personnalité. Il préfère un exécutant loyal et effacé, qui ne lui fasse pas de l’ombre. C’est la mentalité du pharaon qui habite les hommes politiques dans le monde arabe depuis toujours. Il ne doit y avoir que le président qui pèse, tous les autres doivent être ses serviteurs dociles et serviles. Et, démocratie ou pas, cette donne ne changera pas de sitôt.

M. Essid a certes ses défauts et ses limites. Il a, toutefois, aussi ses qualités, que nous devons aussi considérer. C’est un homme intègre, honnête et un vrai patriote. Des qualités qui font malheureusement défaut de nos jours. Espérons que la primature ne sera pas récupérée par un de ces loubards qui n’attendent qu’une telle promotion.

Le piège du consensus

Cette idée de gouvernement d’union nationale, et toujours au nom du «consensus» nécessaire pour la réussite de la transition, est, en réalité, un sacré coup pour la démocratie, qui exige la présence d’une majorité et d’une opposition.

Mais cette dernière dérange, c’est un caillou dans la chaussure de l’exécutif. Pour s’en débarrasser, on nous a sorti cette idée de gouvernement d’union nationale, qui englobe tous les partis et toutes les organisations qui comptent. Et pour pouvoir la mettre en œuvre, on choisit un bouc émissaire, on l’accable, on s’en débarrasse et on continue de jouer la partition avec les mêmes protagonistes.

Faire porter à Habib Essid la responsabilité tous les malheurs de la Tunisie est grotesque. C’est une insulte à l’intelligence des Tunisiens.

* Juriste.

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