L’auteur appelle à «sursaut national» pour recréer cette solidarité nationale qui manque cruellement en Tunisie depuis le 14 janvier 2011.
Dr Mohamed Sahbi Basly*
Je suis absent de la Tunisie depuis plus d’un mois, mes nouvelles occupations m’ayant retenu au pays du soleil levant, qui a, lui aussi, reçu l’onde de choc de l’effroyable carnage dont la Tunisie a été le théâtre, le vendredi 26 juin 2015, un jour de ramadan, mois saint de l’islam, religion étrangère à tous ces actes atroces commis en son nom aux quatre coins du monde.
L’Etat de droit avant la démocratie
J’avais appelé, il y a quelques mois, sur ce même site, le président de la république, à faire passer l’Etat de droit avant la démocratie. Aujourd’hui, et plus que jamais, la Tunisie a besoin de cette volonté d’en finir avec les ennemies de la démocratie .
L’Etat de droit ne sera restauré qu’en débarrassant la Tunisie de toutes ces armes cachées avec la complicité d’un réseau mafieux qui a fait du terrorisme une entreprise lucrative libre de tout contrôle et qui ne paye pas d’impôts.
Tout le monde sait qu’immédiatement après le 14 janvier 2011, une importante quantité d’armes a transité par la Tunisie pour armer les rebelles libyens et les aider à faire tomber le régime de Kadhafi. Tous les gouvernements qui se sont succédé depuis savaient qu’une large partie de cette arsenal est restée en Tunisie ou y est retournée. Mais aucun de ces gouvernements n’a pris des mesures draconiennes pour combattre ce fléau qui menace la sécurité de notre pays pour longtemps.
Le massacre de Sousse démontre une fois de plus la dimension internationale du phénomène terroriste, puisque des opérations simultanées se sont produites au Koweït, en France et en Tunisie, qui plus est revendiquées par la même partie, l’Etat islamique (Daêch).
En ce qui nous concerne, cela ne doit pas excuser, une fois de plus, l’inefficacité du système mis en place pour juguler ce fléau. Je n’entends pas, bien entendu, minimiser l’effort consenti par la police, la garde et l’armée nationales, qui ont déploré de nombreuses victimes en combattant le terrorisme. J’ai voulu seulement souligner le manque de vigilance et d’éveil citoyen observé chez les Tunisiens, qui ne soutiennent pas assez l’effort gouvernemental dans ce combat et n’aident pas à prévenir cette menace, en attendant qu’elle soit éradiquée, grâce à un effort international soutenu qui tarde à venir.
A ce propos, nombreux sont ceux qui ne souhaitent pas que le processus politique réussisse en Tunisie. Nombreux sont également ceux qui pensent que la Tunisie, tôt ou tard, fera marche arrière, alors qu’elle est plébiscitée par les principales démocraties du monde comme un pays musulman économiquement émergent et apte à devenir une démocratie.
Nous devons compter sur nous mêmes
Le problème est que ces démocraties se contentent de nous donner des satisfécits et une dose homéopathique d’encouragement qui, manifestement, n’aidera pas notre pays à retrouver son équilibre économique et social qu’il risque de perdre à jamais.
C’est pour cette raison que nous devons compter sur nous mêmes et arrêter de nous gargariser de ce que disent de nous les Américains ou les Européens, car ils ne nous donneront rien pour aider à satisfaire les besoins des couches pauvres et déshéritées pour la simple raison qu’ils ont eux-mêmes des problèmes financiers.
Pour vaincre le chômage, la pauvreté et la mal-vie, nous devons donc compter d’abord et surtout sur nous mêmes, en travaillant plus, en arrêtant ces grèves stupides, en sacrifiant nos vacances, en dépensant moins et, surtout, en étant plus vigilants en matière de sécurité.
Dans ce contexte, j’appelle à un ratissage de toute la Tunisie, qui sera effectué par les forces de l’ordre, épaulées par l’armée nationale et les citoyens volontaires, pour débusquer les cellules terroristes dormantes, démanteler les groupes extrémistes et punir sévèrement les détendeurs d’armes.
Cette opération de ratissage qu’on appellera «sursaut national» permettra de recréer cette solidarité nationale qui nous manque cruellement depuis le 14 janvier 2011, qui a réconcilié notre pays aux valeurs nobles de la démocrate et de la liberté qu’il nous revient de préserver à tout prix…
* Ancien diplomate.
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