La mission des cabinets d’audit MTBF et PricewaterhouseCoopers (PWC) chargés de réaliser l’audit des trois banques publiques tunisiennes (STB, BNA et BH), n’a pas été facile.
Une partie du rapport concernant la Société tunisienne de banque (STB) – les deux autres banques sont la Banque nationale agricole (BNA) et Banque de l’Habitat (BH) – à laquelle nous avons pu accéder le prouve clairement.
Obligés par les autorités – Banque centrale de Tunisie (BCT) et ministère des Finances – de réaliser l’audit de la STB tout en excluant la Banque franco-tunisienne (BFT), dont elle détient pourtant 78% du capital, les cabinets MTBF et PricewaterhouseCoopers ont essayé de ménager le chou et la chèvre.
Finalement, ils ont en quelque sorte coupé la poire en deux, en se soumettant à l’injonction des autorités mais en s’en démarquant un tant soit peu sur la question de la BFT.
D’abord, ils n’ont pas certifié les comptes de la BFT «en raison des incertitudes significatives liées à sa continuité d’exploitation» et parce que «les états financiers, ci-joint, ne présentent pas sincèrement la situation financière de la Banque au 31 décembre 2012, ni sa performance financière et les flux de trésorerie…»
Ensuite, MTBF et Pricewaterhousecoopers ont formulé deux interrogations concernant les relations de la STB avec sa filiale objet d’un litige avec la société ABCI, son actionnaire majoritaire avant la confiscation de cet établissement, en cours d’examen par le Centre international pour le règlement des litiges relatifs à l’investissement (Cirdi).
La première interrogation «est liée à la responsabilité éventuelle de la STB par rapport à l’insuffisance de l’actif de la BFT par rapport à ses passifs (218,6 millions de TND au 31 décembre 2012 en dehors des insuffisances de provisions pouvant motiver l’opinion des commissaires aux comptes rejetant les comptes)».
La deuxième concerne les «risques encourus par la STB dans le cadre des litiges sur le propriété de la BFT».
Concernant ce litige, les deux auditeurs relèvent d’ailleurs qu’«aucune information ne figure» à ce sujet «dans l’état des litiges de la STB», mais les responsables de cette dernière «nous confirment que cette affaire ne concerne nullement la STB et elle est entre l’Etat et la société ABCI».
Invités à plusieurs reprises, notamment par les députés de l’Assemblée nationale constituante (ANC) puis ceux de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), à dévoiler le contenu de l’audit des trois banques, le ministère des Finances et la BCT n’ont jamais à ce jour donné de suite favorable à ces demandes réitérées.
Que cherche-t-on à cacher aux Tunisiens ? Quelles parties cherche-t-on à protéger par ce qui s’apparente à une rétention d’information à caractère public, interdite par la nouvelle constitution?
Nabil Ben Ameur
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