Le gouvernement britannique déconseille la Tunisie à ses ressortissants et prend au sérieux le risque que d’autres attentats puissent y être perpétrés.
Par Marwan Chahla
Compagnies aériennes et tour-operators au Royaume-Uni s’affairent à rapatrier vacanciers et membres de leur personnel sur place en Tunisie. Ils n’arrêtent pas de voir et revoir leurs données et leurs listes.
L’on estime qu’entre 2.500 et 3.000 touristes du Royaume-Uni séjournent encore en Tunisie – sans compter les quelques 300 ressortissants britanniques qui ont choisi de visiter le pays sans avoir à recourir aux circuits organisés.
Sauve qui peut !
Plusieurs milliers de citoyens britanniques avaient programmé de passer leurs vacances en Tunisie, durant les quelques prochains mois de l’été et l’automne 2015. Que restera-t-il de tout cela, après cette panique quasiment générale qui semble avoir saisi nos amis britanniques?
A lire les titres et à voir les unes des journaux britanniques (voir BBC), l’on pourrait beaucoup craindre pour notre pratique de la langue de Shakespeare, les été, automne et hiver 2015. Et peut-être bien au-delà…
Si l’on en croit le dernier communiqué du Foreign and Commonwealth Office (FCO) de cette semaine, la réponse serait qu’il ne resterait plus grand’ chose, car Whitehall conseille vivement aux ressortissants britanniques d’écourter, sinon mettre fin à leurs séjours et leurs déplacements en Tunisie, sauf s’ils se trouvent dans des situations exceptionnelles (personnelles ou professionnelles) qui les empêcheraient de rentrer au Royaume-Uni.
Pour le ministère britannique des Affaires étrangères, des risques très sérieux existent que d’autres attentats terroristes puissent être perpétrés en Tunisie.
Des forces spéciales tunisiennes déployées autour des hôtels après l’attentat de Sousse: Trop peu, trop tard!
Pour la première fois donc, depuis la Révolution de janvier 2011, le FCO a choisi de ne pas y aller par quatre chemins: «Toutes les mesures de précaution prises jusqu’ici (par les autorités tunisiennes, Ndlr) ne suffisent pas à garantir la protection adéquate des touristes. C’est ainsi que nous avons décidé d’élever le niveau de notre alerte-voyage», explique l’autorité diplomatique britannique.
A bien analyser ce communiqué, l’on pourrait être tenté de dire que Londres serait en train de prendre ses distances vis-à-vis de la «success story» tunisienne. Il est vrai que les pertes en vies humaines souffertes par nos amis britanniques, dans l’attentat contre l’hôtel Imperial Marhaba, le 26 juin dernier, ont été très élevées (30 sur le total des 38 personnes décédées), mais un autre «sursis» à la sécurité et à la défense tunisiennes aurait été plus que bénéfique à la Tunisie et aux Tunisiens, à plus d’un titre…
La crainte d’une nouvelle tuerie
Le Premier ministre David Cameron – on peut le comprendre – se trouve dans l’obligation de gérer cette crise de la tuerie de Sousse d’un point de vue interne, c’est-à-dire qu’il doit donner la preuve à ses concitoyens qu’il attache l’importance qu’il faut à leur sécurité, à l’intérieur du Royaume aussi bien qu’à l’étranger.
Dans le même temps, aussi, une certaine candeur nous pousse à croire que l’on est en droit de s’attendre que le chef du gouvernement britannique envoie des messages d’un soutien fort – un soutien concret capable de changer les choses sur le terrain de la réalité quotidienne des Tunisiens.
Reste que cette décision britannique de déconseiller la Tunisie à ses ressortissants est une conséquence logique des graves dysfonctionnements du système sécuritaire tunisien constatés par les enquêteurs dépêchés par la Grande-Bretagne après l’attentat de Sousse. En d’autres termes: les Tunisiens n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes et au gabegie de leur appareil sécuritaire.
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