Il ne se passe pas une semaine sans que le président de la république Kaïs Saïed insiste sur le rôle central des magistrats dans la lutte contre la corruption. Ses partisans y voient une volonté d’assainir le pays, alors que ses opposants dénoncent des pressions inacceptable sur la justice.
Quoi qu’il en soit, le chef de l’Etat a repris ses exhortations ou pressions lors de sa rencontre hier, mercredi 1er mars 2023, au Palais de Carthage, avec la ministre de la Justice, Leila Jaffel, en insistant, encore une fois, sur le rôle majeur qui incombe aux magistrats dans les circonstances actuelles.
Il y a, en Tunisie, des magistrats honnêtes et intègres qui veillent scrupuleusement au respect de la loi, a-t-il dit, ajoutant que le peuple tunisien ne peut recouvrer ses droits et connaître la vérité tant convoitée sans une justice équitable et efficiente.
Quiconque ayant commis des crimes contre le peuple tunisien doit répondre de ses actes, a-t-il martelé, ajoutant que nul ne doit échapper à la justice et nul ne peut bénéficier de l’impunité, dans une limpide allusion aux personnalités politiques, hommes d’affaires et journalistes poursuivis dans des affaires d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Les procédures ont été instituées dans l’intérêt des justiciables et aux fins de garantir un procès équitable, a cru devoir préciser le président Saïed, en réponse aux avocats des prévenus qui ont déclaré que les dossiers de leurs clients sont vides des preuves matérielles pouvant justifier les accusations portées à leur encontre, tout en criant aux procès politiques et en déplorant une justice aux ordres.
Répondant à ces allégations, le président Saïd a, à ce propos, souligné que «les comploteurs contre la sécurité interne et externe de l’Etat ne peuvent continuer à faire figure de victime». La vraie victime, a-t-il dit, est le peuple qui se trouve dépossédé de son droit à la santé et des attributs d’une vie digne. Il est, donc, de son droit de «demander des comptes dans le respect de la loi à quiconque viole ses droits et acquis».
C’est là, on l’a compris, une manière d’imputer toutes les difficultés actuelles du peuple tunisien aux personnes arrêtées ces trois dernières semaines et poursuivies dans des affaires de corruption, de blanchiment d’argent et d’atteinte à la sécurité interne et externe de l’Etat… et d’en exonérer totalement l’Etat.
I. B.
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