Dans un discours qu’il a prononcé devant les manifestants à l’avenue Habib Bourguiba, à Tunis, aujourd’hui, dimanche 15 mai 2022, Ahmed Nejib Chebbi a fait un éloge appuyé de Hamadi Jebali et lancé de nouvelles piques contre Kaïs Saïed.
«Les victimes de Kaïs Saïed se succèdent, et la dernière en date est l’ancien chef de gouvernement Hamadi Jebali, lors de l’assaut de l’atelier de Sousse qui a causé à son épouse un malaise au niveau du cerveau, et tout cela pour permettre à Saïed d’installer sa dictature», a déclaré le chef du Front de salut national (FSN), qui, en se mettant au service du parti islamiste, croit pouvoir prendre la place de celui qu’il critique, non pas à l’issue d’élections présidentielles, car il avait perdu toutes celles auxquelles il s’était présenté auparavant, mais en se faisant porter au palais de Carthage à la suite d’un coup politique manigancé par le parti islamiste Ennahdha. C’est, aujourd’hui, son vœu le plus cher, lui qui, à 78 ans, a perdu tout espoir de se faire élire président de la république.
«Je dis à Kaïs Saïed, vous vous êtes trompé d’adresse, car vous ne connaissez pas les hommes, et vous ne connaissez pas Hamadi Jebali, qui a passé 16 ans en prison sans élever le moindre gémissement», a ajouté M. Chebbi, qui n’avait pourtant pas l’habitude de ce genre d’éloge mielleux. Et de poursuivre, en s’adressant au chef de l’Etat : «Vos menaces ne nous font pas peur, car les forces démocratiques ne craignent pas les prisons et l’intimidation; elles sont habituées à la lutte, à la patience et au sacrifice.» Et, en tête des forces démocratiques, M. Chebbi met, on l’a compris, ses employeurs actuels : les islamistes.
«La date du 15 mai en Tunisie aujourd’hui est comparable une nakba (défaite ou catastrophe, Ndlr), comparable à celle du 15 mai 1948, date de la nakba palestinienne», a aussi dit Néjib Chebbi, osant une comparaison aussi excessive qu’incompréhensible, qui traduit la confusion où se trouve aujourd’hui son esprit perturbé par une lancinante frustration politique qui n’a d’égal qu’une incommensurable soif de pouvoir.
Rappelons que M. Chebbi, président du conseil politique d’un fantomatique parti appelé Al-Amal, parlait au cours d’une manifestation organisée ce matin devant le Théâtre municipal de Tunis, à l’initiative du mouvement Citoyens contre le putsch et du Front de salut national pour protester contre le président Kaïs Saïed et son projet de réforme politique.
I. B.*
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