Mongi Rahoui accuse Ennahdha de bloquer le vote des articles relatifs au droit de vote des forces sécuritaires et militaires et de rendre la Tunisie malade par son double langage.
L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a repris, mardi 31 janvier 2017, l’examen du projet de loi amendant et complétant la loi relative aux élections et référendums après une interruption de plusieurs mois. Et encore une fois, le parti islamiste Ennahdha a bloqué le vote de ce projet de loi en appelant le report de la séance.
En réaction, Aymen Aloui député du Front populaire (FP) a dénoncé les incessantes demandes de report d’Ennahdha et rappelé que cela fait un an que ce projet est bloqué par ce parti. Noureddine Bhiri, président du bloc Ennahdha, s’en est alors pris au député de gauche. «Tu es malade d’Ennahdha», lui a-t-il lancé.
Il n’en fallait pas plus pour que Mongi Rahoui, député FP, intervienne à son tour pour rappeler que son camarade n’a fait que de dire la vérité. «Mis à part deux d’Ennahdha, tous les députés sont d’accord pour octroyer le droit de vote aux forces sécuritaires et militaires, qui sont des citoyens et doivent jouir de tous leurs droits», a-t-il indiqué.
«Aymen est peut être malade d’Ennahdha, mais votre parti est malade du double langage», a-t-il lancé à Bhiri, tout en reprochant aux députés du parti islamiste de ne pas représenter le peuple mais de représenter uniquement leur parti, sans tenir compte des besoins des citoyens.
Interrogé à ce sujet, Mongi Rahoui a précisé à Kapitalis que la loi relative aux élections et référendums traîne depuis un an à cause d’un blocage des députés Ennahdha qui ne parviennent pas à se mettre d’accord entre eux pour de mystérieuses considérations politiques.
«Si Aymen est malade d’Ennahdha, il faut savoir que nous le sommes tous. Toute la Tunisie est malade d’Ennahdha à cause de ses manoeuvres et de ses atermoiements qui ne finissent pas. S’ils ne veulent pas permettre aujourd’hui aux policiers et militaires de voter, alors que ces derniers sont des citoyens à part entière, c’est forcément, comme toujours, à cause de leurs calculs mesquins et qui ne servent pas l’intérêt général mais leurs intérêts propres», a ajouté le député en insistant sur le fait que l’opinion publique doit savoir et comprendre d’où vient ce blocage.
«La démocratie est fondée sur le principe que chaque citoyen peut exprimer son opinion à travers les urnes et il n’y a aucune raison pour que les membres de la police et de l’armée en soient privés», a-t-il déploré.
Tout en rappelant que la police doit être républicaine, Mongi Rahoui estime que le parti islamiste souhaite une police et une armée «partisanes et garanties» et cherche encore des prétextes pour priver les forces sécuritaires et armées de participer aux élections, car ils n’ont pas de considération pour ceux qui protègent la patrie, tout en restant neutres quels que soient l’orientation de leur vote.
Rappelons que plusieurs syndicats sécuritaires se mobilisent depuis des mois en faveur de l’octroi du droit de vote aux agents de sécurité, conformément à la constitution, et contre la discrimination.
A la reprise de la séance, à la fin de l’après-midi, l’article 6 du projet de loi amendant et complétant la loi relative aux élections et référendums a finalement été voté avec 144 voix pour, 6 contre et 3 abstentions, permettant aux sécuritaires et militaires de voter aux élections régionales et municipales. Mais pas aux législatives et présidentielles… Il reste encore du chemin à faire.
Y. N.
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