L’Alzheimer n’est pas vraiment une maladie; c’est tout au plus une soi-disant maladie. En tant qu’affection, elle est le produit de l’industrie pharmaceutique.
Par Farhat Othman *
Le 21 septembre est déclaré Journée mondiale de lutte contre l’Alzheimer et les maladies apparentées. C’est ce qu’on a pris l’habitude de qualifier de maladie du siècle. Or, la plus récente approche scientifique de cette affection neurologique interdit de considérer l’Alzheimer comme une maladie; c’est tout au plus une soi-disant maladie selon le neurologue et gériatre américain Whitehouse qui a même osé parler de mythe.
Une arnaque médicale
De fait, l’Alzheimer en tant qu’affection est le produit de l’industrie pharmaceutique. C’est même, selon certains spécialistes, une arnaque médicale comme il en existe de plus en plus avec la dérive constatée du service de la santé dans la pharmacie. En tant qu’industrie, elle est amenée, parfois, au sacrifice de certaines valeurs éthiques au principe de la plus-value, sinon du profit, sans lequel n’est nulle industrie n’est possible.
C’est pour cela qu’il y a toujours eu ce ratio sacro-saint des bénéfices/inconvénients devant commander la prescription médicamenteuse par les praticiens. Or, on ne respecte pas nécessairement cette règle en une époque où tout est à la matière, si l’on ose cette expression, à la manière de ce qu’on disait, il y a un temps, du «tout à l’égout». En effet, de plus en plus, des voix autorisées se font entendre pour dénoncer chez certains industriels de la santé une dérive qui les ferait créer en quelque sorte la maladie pour les médicaments commercialisés.
S’agissant d’Alzheimer, ce qui est scientifiquement incontestable, c’est qu’il s’agit d’une affection incurable, les médicaments prescrits n’ayant nullement la prétention de guérir, mais tout au plus et au mieux d’en ralentir l’évolution. Or, il s’avère désormais que c’est le produit chimique qui fait la maladie en ce qu’elle a de manifestations en dehors du simple oubli : agitation, agressivité, impotence jusqu’au stade absolu, en passant souvent par l’activation de troubles éventuellement latents, telle l’épilepsie.
C’est que le principe actif de tout médicament, notamment celui prescrit pour des affections lourdes, a des effets indésirables, les effets iatrogènes. Ainsi, pour citer le médicament qu’on délivre pour les cas modérés et avancés de l’Alzheimer qu’est l’Ebixa (ou Axura), il est souvent à l’origine d’épilepsie, particulièrement lorsque ce trouble neurologique est présent chez l’ascendance du patient.
Qu’est-ce que l’Alzheimer ?
C’est d’abord un vieillissement cérébral problématique se manifestant par l’oubli. On n’en sait toujours pas le déclencheur, ce qui pourrait être un problème génétique; mais on suppute de plus en plus sérieusement une batterie de causes tenant surtout à la qualité et l’hygiène de vie.
Cela veut dire qu’il y a de fortes chances que l’Alzheimer commence dès l’enfance, se mettant en place progressivement, suivant les effets psychosociologiques d’une hygiène vitale qui ne se serait pas développée avec des perturbations émotives influant sur un développement sain. On sait, par exemple, que la première malade diagnostiquée comme ayant eu un vieillissement précoce de son cerveau, Auguste Deter, avait des problèmes affectifs, notamment conjugaux.
C’est Aloïs Alzheimer qui a le premier évoqué ce cas, 1906, mais sans oser parler de maladie. On doit le qualificatif à son employeur, Emil Kraeplin, un psychiatre réputé, qui a imposé le terme au cas étudié par son employeur, individualisant une maladie alors que la variété des symptômes et les purs critères scientifiques ne le lui permettaient pas.
Au vrai, il a agi de la sorte pour des considérations matérielles afin de renflouer les caisses de sa clinique qui était en difficulté du fait d’un manque de subventions. Ces dernières allaient de plus en plus à la concurrence, notamment aux recherches nouvelles relatives à la thérapie révolutionnaire de Freud, ennemi juré de Krapelin, et qui rencontrait un grand succès.
Comment soigner l’Alzheimer ?
Outre les médicaments prescrits pour l’Alzheimer à proscrire afin d’éviter de faire entrer le malade «dans le couloir de la mort» comme l’affirme Whitehouse, il est capital de ne pas sortir notre patient de son milieu de vie en le gardant chez lui, là où il garde ses souvenirs, notamment les plus anciens, qui ont toujours en lui une certaine trace. Aussi, ces maisons médicalisées sont à éviter si on a la possibilité de s’occuper soi-même du patient. Car l’Alzheimer est surtout pénalisant pour l’entourage comme il sera dit plus loin.
Il est aussi capital de ne pas couper ce dernier de son milieu et de la vie sociale, maintenant plus particulièrement ses rapports avec les enfants. Et il faut surtout veiller à ne jamais le traiter en malade, lui gardant toute sa dignité, préservant sa confiance en lui-même.
En somme, il appartient à l’entourage d’agir comme on le faisait avant avec nos vieux qui, s’ils perdaient la mémoire, ne continuaient pas moins à continuer de vivre comme avant, tout à fait normalement et en gardant intacte leur dignité. Car on ne meurt pas d’Alzheimer, mais des complications générées par l’état d’affaiblissement du corps.
Au final, ce qu’il faut avoir à l’esprit, c’est que que l’Alzheimer pèse le plus sur l’entourage qui doit veiller sur leur chéri retombant en enfance, ce qui suppose beaucoup de temps libre, de patience, de sang froid, et d’amour notamment. C’est ce que je qualifie de thérapie du bisou ou «bécothérapie»; une sorte de science du coeur, la culture des sentiments qui est la seule, dans l’immédiat, en mesure de contrer les ravages du mal.
Quand on n’a que l’amour, il est toujours possible de faire que celui qui a eu le malheur d’être touché par ce mal d’en souffrir le moins, sinon point. N’est-ce pas le sens véritable du mot guérir?
* Ancien diplomate, écrivain.
Bibliographie
Pour en savoir plus sur la nouvelle approche humaniste de l’Alzheimer, on peut se reporter au livre référence en la matière du neurologue-gériatre Whitehouse, coécrit avec l’anthropologue médical George : ‘‘Le Mythe de la maladie d’Alzheimer’’.
On peut aussi se référer à mon essai résumant l’accompagnement d’une quinzaine d’année de l’Alzheimer de ma mère : ‘‘Guérir l’Alzheimer’’.
Sur la genèse du mythe de la soi-disant maladie et une analyse sociologique de l’affection, cf. mon essai en arabe. Il est disponible en librairie et sur le site de l’éditeur.
Par ailleurs, je viens de publier le journal tenu durant l’accompagnement de l’Alzheimer de ma mère où il est bien dit que si l’affection est une soi-disant maladie, le vrai Alzheimer est plutôt sociopolitique.
Enfin, j’ai consacré un blog à la cause : ‘‘Aloïs, mon amour’’.
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