Notre collaborateur Farhat Othman vient de sortir un nouvel essai en langue arabe intitulé ‘‘Conquêtes tunisiennes. Postmodernité islamique’’. Des réflexions audacieuses sur la rénovation de l’islam.
Par Imed Bahri
Dans cet ouvrage de 418 pages édité à Tunis par les éditions L’Or du Temps (prix 30 dinars tunisiens, 25 euros), l’auteur présente ce qu’il appelle l’islam post-moderne, la religion de notre époque, celle de la paix morale et matérielle, humaniste et humaine, et dont les préceptes éternels sont également universels et conformes à la science. C’est l’islam dont les textes fondateurs, le Coran et la sunna, sont interprétés et compris non pas dans leur sens littéral premier mais dans les finalités qu’ils visent. C’est ce que l’imam Al Chatibi (14e siècle) avait appelé, en son temps, «la religion des valeurs», dont on respecte et préserve l’esprit, tel que compris par ses fondateurs («salaf»), un esprit conforme à la vérité spirituelle de l’homme, celle de sa foi mystique («soufie»).
Un islam préservée des interprétations excessives
Le titre de l’essai de M. Othman renvoie au célèbre ouvrage ‘‘Al-Futûhât al-makkiyya’’ (‘‘Conquêtes mecquoises’’, souvent traduit aussi par ‘‘Le Livre des révélations de La Mecque concernant la connaissance des secrets du Roi et du Royaume’’) du grand mystique andalous et maghrébin, le cheikh du soufisme Mohieddine Ibn Arabi (12e-13e siècles), l’auteur de «l’œuvre théologique, mystique et métaphysique la plus considérable qu’aucun homme ait jamais réalisé», selon Roger Deladrière,
L’islam postmoderne que défend et illustre Farhat Othman dans cet essai est celui de la Tunisie moderne, un pays enraciné de façon dynamique et décomplexée dans son histoire millénaire et dans sa religion préservée des interprétations excessives, conçu dans la pureté de son avènement comme une révolution spirituelle à une époque dominée par la matière, la haine et l’injustice.
L’islam que préconise l’auteur est enraciné dans la culture de l’amour et de la justice, celui de la fraternité et de la solidarité entre les hommes.
Pour un nouvel humanisme islamique
Chroniqueur à Kapitalis, Farhat Othman est un ancien diplomate, chercheur universitaire et écrivain originaire de Kerkennah (Sfax). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages où il milite pour un nouvel humanisme, en rupture avec les tentations de repli et d’exclusion, ouvert sur la différence, respectueux de l’altérité et rejetant le matérialisme effréné, porteur de haines et de violences.
Dans ‘‘Conquêtes tunisiennes. Postmodernité islamique’’, ce penseur humaniste tente de corriger une certaine lecture faussée et outrancière des textes islamiques, de rétablir la vérité du message prophétique de Mohamed et d’en tirer des conclusions pour une gestion de notre vie sociale, économique, politique contemporaine.
Aussi, partant des thèmes métaphysiques et d’exégèse des textes fondateurs, qu’il met à l’épreuve d’une lecture portant sur les finalités («al-maqacid») du message divin, l’auteur en vient à des thèmes plus profanes, comme la gouvernance, la politique, les libertés individuelles, la morale et l’éthique de l’action de l’homme dans la société. Et dans ce contexte, il n’hésite pas à s’attaquer, avec courage et détermination, à des thèmes problématiques et qui divisent aujourd’hui les musulmans comme ceux de l’égalité successorale entre l’homme et la femme, l’homosexualité, l’éducation sexuelle, la peine de mort, le vin, le terrorisme, la rénovation de l’islam, et présente son interprétation personnelle en phase aussi bien avec l’esprit du texte coranique qu’avec les exigences de la modernité et du vivre ensemble.
Article de Farhat Othman dans Kapitalis:
Bloc-notes: Le silence de Ghannouchi sur l’égalité successorale
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