Les affrontements sportifs entre Tunisiens et Israéliens continuent de diviser l’opinion publique tunisienne. Et la décision prise conjointement par le gouvernement et le Conseil national olympique tunisien (Cnot) de permettre aux athlètes tunisiens de jouer contre leurs adversaires, sans exception, et donc y compris les Israéliens, dans le cadre des compétitions sportives internationales, n’a naturellement pas mis fin à la polémique…
Par Cherif Ben Younès
Dans un communiqué publié ce matin, 11 février 2020, sur sa page facebook, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a déploré cette décision estimant qu’il s’agit de «normalisation officielle avec l’entité sioniste».
«L’UGTT condamne la décision […] de permettre aux athlètes de participer à toutes les confrontations quelles qu’elles soient et avec toutes les équipes du monde sous prétexte de hisser le drapeau tunisien, en référence aux équipes sionistes et en réponse à la condamnation de la participation de l’équipe féminine de tennis à des rencontres avec l’entité sioniste. Le bureau exécutif considère cela comme une normalisation officielle», lit-on dans le communiqué.
Ons Jabeur portée aux nues puis vouée aux gémonies
Rappelons que les matchs qui avaient opposé, la semaine dernière, l’équipe nationale féminine de tennis, guidée par la vedette nationale, Ons Jabeur, à son homologue israélienne, dans le cadre de la Fed Cup, ont créé une vive polémique dans les réseaux sociaux et les médias…
Entre ceux qui ont condamné «la normalisation avec le sionisme», ceux qui ont appelé à laisser le sport en dehors des conflits politiques, ou encore ceux qui sont, par principe, favorables à la normalisation, les opinions des Tunisiens étaient, comme souvent, très divergentes.
Cette division a même touché le gouvernement : alors que le ministère des Affaires étrangères a condamné ces confrontations, via un communiqué particulièrement maladroit, sans doute inspiré par le président de la république Kaïs Saïed, le chef du gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, Youssef Chahed, a, pour sa part, donné raison à la Fédération tunisienne de tennis (FTT), et, pour ainsi dire, rectifié un tant soit peu la position officielle sur la question.
Finalement, le Cnot et le gouvernement ont tranché : pas d’ingérence politique dans le sport.
Ainsi, puisque la Tunisie a choisi de défendre la cause palestinienne, et c’est tout à son honneur, c’est à l’Etat, et lui seul, de prendre les mesures qu’il voit nécessaires pour exprimer son soutien au peuple palestinien.
L’UGTT se mêle de ce qui ne la regarde pas
Cela ne doit, en revanche, aucunement affecter la liberté des Tunisiens (ni la carrière de nos athlètes) qui n’ont pas affaire à l’Etat israélien, responsable de la persécution du peuple palestinien, mais à de simples citoyens, comme eux, n’ayant aucun lien avec les décisions politiques de leur pays.
Pour ce qui du communiqué de l’UGTT, il est regrettable que la principale force syndicale du pays tienne une position aussi conservatrice, appelant à réprimer un droit humain. Est-ce dû à l’idéologie nationaliste arabe de certains de ses dirigeants, dont son secrétaire général, Noureddine Taboubi? Plus prompt à soutenir le régime dictatorial de Bachar Al-Assad qu’à défendre le droit des sportifs tunisiens.
La stupidité, on le sait, n’a pas de limite quand elle s’adosse à un pouvoir d’influence populaire comme celui dont se targue l’UGTT.
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