Mohamed Brahmi aurait fêté ses 60 ans, aujourd’hui, s’il n’avait pas été lâchement assassiné par des extrémistes religieux, le 25 juillet 2013.
Par Yüsra N. M’hiri
Né le 15 mai 1955, à Sidi Bouzid (centre), Mohamed Brahmi a décroché son baccalauréat au lycée technique de Bizerte avant d’obtenir une maîtrise en comptabilité à l’Institut supérieur de gestion (ISG) en 1982, et d’enseigner au lycée technique de Menzel Bourguiba.
Nationaliste arabe de tendance nassérienne, membre du Mouvement des étudiants arabes progressistes et unionistes, il s’est fait arrêter à 2 reprises, en 1981 et 1986, pour appartenance à une organisation interdite.
A la fin des années 1990, Brahmi est parti enseigner en Arabie Saoudite. De retour en Tunisie, en 2005, il a intégré l’Agence foncière de l’habitat (AFH). La même année, il a créé, dans la clandestinité, le Mouvement unioniste nassérien.
Mohamed Brahmi récite la Fatiha sur la tombe de son camarade Chokri Belaid, quelques mois avant d’être assassiné, à son tour, par des extrémistes religieux.
Après la révolution, il a été élu, en octobre 2011, député à l’Assemblée nationale constituante (ANC), sur une liste du Mouvement du peuple (MP), qui a rassemblé la mosaïque des mouvements nationalistes arabes et de la gauche nassérienne. En 2012, il a contribué à la création du Front populaire, une coalition de gauche dont il est devenu l’un des principaux dirigeants.
Peu avant son assassinat, Brahmi a démissionné du MP, suite à un différend interne sur les relations avec Ennahdha, certains membres de son parti ayant préconisé un rapprochement avec le parti islamiste. Début juillet 2013, il a créé le Courant populaire.
Tout au long de son mandat de député, Mohamed Brahmi s’est illustré par ses critiques du gouvernement conduit par Ennahdha et averti l’opinion contre la montée du terrorisme. Il a, notamment, révélé l’existence d’un trafic d’armes, dans le sud de la Tunisie, dans lequel est impliquée une «police parallèle» au service du parti islamiste.
Le 25 juillet 2013, jour de la fête de la république, Mohamed Brahmi est tué de 14 balles, devant son domicile, à cité El-Ghazela, à l’Ariana, tirées à bout portant.
Cet assassinat, le second en moins de 6 mois après celui de son camarade Chokri Belaïd, le 6 février de la même année, a déclenché un vaste mouvement de protestation dans tout le pays et contribué au départ du gouvernement Ali Larayedh et à la mise en place d’un gouvernement de technocrates dirigé par Mehdi Jomaa.
Mbarka Aounia Brahmi poursuit le combat de son défunt époux.
Mohamed Brahmi a laissé 5 enfants et une épouse, Mbarka Aouinia Brahmi, véritable femme courage, qui s’est engagé en politique pour aider à révéler la vérité sur la mort de son mari. Elle s’est fait élire, en novembre dernier, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) sur une liste du Front populaire.
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