Fidèle à sa posture d’éternel insatisfait et toujours prompt à critiquer le pouvoir en place, Hamma Hammami s’en est pris injustement au gouvernement Essid.
Par Imed Bahri
Le porte-parole du Front populaire, qui parlait lors d’une réunion politique, dimanche 31 mai 2015, à Manouba, à l’ouest de Tunis, a dénoncé «l’échec du gouvernement Habib Essid à réaliser les promesses qu’il a faites aux Tunisiens».
Parce qu’il pouvait le faire, lui, en deux temps deux mouvements, et en chantant ! Ce gouvernement, faut-il le rappeler, est en place depuis seulement quelques mois, mais Hamma Hammami, qu’on aurait aimé voir au Palais de la Kasbah, afin qu’il nous démontre enfin tout ce dont il est capable, ne s’encombre pas de ce genre de considérations.
«Le gouvernement Essid n’a pas pris de mesures fermes pour lutter contre la corruption, poursuivre les hommes d’affaires et les entreprises impliqués dans l’évasion fiscale, comme il a échoué dans les domaines de l’éducation et de la santé», a aussi souligné M. Hammami, ajoutant que «le gouvernement Essid manque de programmes réalistes clairs» et qu’il «n’a pas su faire face à la crise économique et à la baisse du pouvoir d’achat des citoyens, ni commencé à lutter contre la pauvreté». Et la conclusion de tomber comme un couperet, tranchant et définitif: «Le gouvernement Essid a démontré de manière indiscutable qu’il a failli sur toute la ligne».
Que faire alors M. Hammami? Chasser ce gouvernement et nommer un autre à sa place? Le paysage politique actuel étant ce qu’il est, on risque d’avoir des clones de M. Essid et de ses ministres? Doit-on alors demander au président de la république de dissoudre l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et d’organiser des législatives anticipées en vue de faire émerger une nouvelle majorité? Ce scénario surréaliste et improbable permettra-t-il pour autant à M. Hammami et à ses compères de réaliser des scores meilleurs que ceux qu’ils ont réalisés jusque-là ? Rien n’est moins sûr…
Ce qui est moins sûr encore c’est que les vraies fausses solutions préconisées par Hamma Hammami (arrêter de payer les dettes, etc.) sont irréalistes, populistes et inefficaces. A moins qu’il cherche à nous présenter les tâtonnements dramatiques de ses amis grecs – un vrai boulet de fer aux pieds de l’Union européenne – comme un exemple à suivre par la Tunisie!
M. Hammami serait sans doute mieux inspiré, à l’âge de soixante ans dépassé, de rompre avec l’infantilisme gauchiste de ses années de contestation universitaire, de remettre ses pieds sur terre et sa tête entre les épaules. Car en continuant à crier avec les loups, il n’aidera pas à trouver des solutions aux problèmes structurels et chroniques de l’économie tunisienne. Il contribuera seulement à aggraver le sentiment général d’insatisfaction, à alimenter la grogne populaire, à alourdir une atmosphère sociale déjà lourde et, à effrayer les investisseurs étrangers qui réfléchiraient par deux fois avant de se risquer à investir dans notre pays.
Donnez votre avis