Le problème avec Moncef Marzouki c’est que plus il parle, plus il se dénonce, se démasque et s’enfonce dans le mensonge, la démagogie et le populisme.
Par Ridha Kéfi
Moncef Marzouki a déclaré qu’il n’est pas islamiste, mais soutient les Frères musulmans en Egypte, emprisonnés pour leur combat pacifique. Il faut suivre son raisonnement pour découvrir les subterfuges de sa supercherie intellectuelle…
L’ancien président provisoire de la république, qui intervenait, samedi 6 juin 2015, dans le cadre d’un meeting organisé à Paris (France) pour dénoncer la condamnation à mort de l’ancien président égyptien Mohamed Morsi, a déclaré: «Tout le monde connait mon rejet de certaines conceptions des islamistes, mais ce qui s’est passé avec Morsi, qui est arrivé au pouvoir par des élections démocratiques, est inacceptable et je le dénoncerai toute ma vie».
Manifestants pacifistes et gentils policiers!
Parlant ensuite des affrontements violents survenus cette semaine entre des manifestants et les forces de l’ordre à Douz, gouvernorat de Kébili (sud-ouest), sa région natale, M. Marzouki a déclaré qu’il rejette la violence à Douz et dans toutes les régions du pays, mais exige, en contrepartie, des forces de sécurité qu’elles ne prennent pas pour cible ceux qui manifestent de manière pacifique.
Ménageant la chèvre et le choux, dans une position mitigée qui lui permet de se cacher derrière son petit doigt, M. Marzouki a ajouté : «Le policier tunisien est un simple citoyen et nous refusons qu’il soit pris pour cible. Nous refusons également la répression des manifestations pacifiques et exigeons la satisfaction des revendications des gens», avant de lancer: «Oui, je poserai toujours la question ‘‘Winou El-pétrole ?’’ (Où est le pétrole ?) et continuerai d’exiger l’ouverture des dossiers de la corruption.»
Ces déclarations, populistes et contradictoires, comme seul sait en faire M. Marzouki, nous inspirent ces quelques remarques…
D’abord, à Douz, les policiers ont été agressés et leur postes et véhicules saccagés et incendiés par ces mêmes manifestants que M. Marzouki qualifient de «pacifistes». Quant aux manifestants soi-disant «pacifistes», ils ont été réprimés par ces mêmes policiers que M. Ghannouchi qualifie de «simples citoyens»!
Un homme politique, qui se targue d’être un homme d’Etat, doit prendre ses responsabilités et appeler les choses par leurs noms et non se cacher – courageusement – derrière des entourloupettes de langage. En continuant de sacrifier ainsi au populisme et à la démagogie, qui ne mangent pas de pain, M. Marzouki apporte encore une fois la preuve qu’il n’est pas un homme d’Etat.
Quatre années passées au Palais de Carthage: pourquoi n’a-t-il pas combattu la corruption?
Un allumé du pétrole
En ce qui concerne la campagne démagogique ‘‘Winou El-pétrole?’’, alimentée par ses troupes et sur ses propres instructions, M. Marzouki fait plus que s’auto-dénoncer : il en revendique la paternité, persiste et signe. Reste que là aussi, sa démagogie passe mal. Car, qu’est-ce qui l’a empêché, pendant les quatre années qu’il a passées à la tête de l’Etat, en tant que président provisoire de la république, de prendre les mesures nécessaires, lui et ses alliés, les islamistes d’Ennahdha, pour ouvrir les dossiers de la corruption et sanctionner les corrompus? Ces quatre longues années qu’il a passées au Palais de Carthage n’étaient-elles pas largement suffisantes pour qu’il ouvre ces fameux dossiers et démasque les corrompus? A moins que lui et ses alliés n’étaient alors occupés à faire les marchandages que l’on connait et qui ont permis à tous les gros poissons de passer à travers les mailles du filet?
Non, M. Marzouki ne trompera plus personne, même quand il affiche ses prétendues divergences idéologiques avec les islamistes. Les Tunisiens savent – et l’histoire le confirmera – que cet ancien défenseur des droits de l’homme s’est allié, dès les années 1990, avec Ennahdha, dont il est devenu, officiellement, en 2000, à la fois une marionnette («tartour»), un avocat et une «caution laïque» aux yeux des Occidentaux.
En cette année 2000, souvenons-nous, M. Marzouki avait fondé le Congrès pour la république (CpR), avec des éléments généreusement «prêtés» par Ennahdha: Imed Daïmi, Lotfi Zitoun (premier porte-parole du CpR, revenu par la suite à Ennahdha), Slim Ben Hamidane, Abdelwaheb Maatar, Khaled Ben Mbarek, Sihem Badi, et bien d’autres. La suite, on la connait : Al-Jazeera, le Qatar, la «troïka», etc.
Et ne parlons pas du 7aarak (Mouvement du peuple des citoyens) , son nouveau parti en cours de constitution, et qui est un ramassis de tous les extrémistes pseudo-révolutionnaires parrainés par… une monarchie pétrolière.
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