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Le jihadiste tunisien Ali Harzi tué par un drone américain en Irak

Ali-Harzi

Le département américain de la Défense a annoncé, lundi 22 juin 2015, le décès d’Ali Harzi, l’activiste tunisien de l’Etat islamique (EI, Daêch).

Par Marwan Chahla

Ali Harzi est soupçonné d’avoir pris part à l’attaque du consulat américain à Benghazi, en septembre 2012, qui a coûté la vie à l’ambassadeur des Etats Unis J. Christopher Stevens et 3 autres Américains.

Selon le Colonel Steve Warren, porte-parole du Pentagone, Ali Harzi, que les autorités américaines soupçonnaient d’avoir servi d’intermédiaire à plusieurs groupes islamistes à travers le Moyen Orient et la région nord-africaine, a trouvé la mort à la suite d’une frappe aérienne américaine, dans la ville irakienne de Mossoul, le 15 juin dernier.

«Personne de grand intérêt»

«Sa mort réduit sensiblement la capacité de l’EI à intégrer les djihadistes nord-africains dans les combats en Irak et en Syrie, et met un terme à la carrière d’un djihadiste qui a entretenu, depuis longtemps, des liens étroits avec le terrorisme international», a ajouté Steve Warren, qui a décrit Ali Harzi comme «une personne de grand intérêt», c’est-à-dire une personne qui a joué un rôle déterminant, dans les attentats du 11 septembre 2012 à Benghazi durant lesquels des terroristes ont attaqué les bâtiments d’une représentation américaine en Libye.

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Une dernière photo de Ali Harzi prise peu de temps avant sa mort en Irak.

Un responsable du département américain de la Défense, qui a préféré garder l’anonymat, a confié au ‘‘Washington Post’’ que Harzi, qu’il a qualifié de «cadre intermédiaire de la hiérarchie» du groupe de l’Etat islamique, se trouvait dans un véhicule lorsqu’il a été surpris par l’attaque d’un drone américain. Depuis l’été dernier, les Etats Unis et leurs alliés n’ont cessé de mener des attaques aériennes de ce type contre les combattants de Daêch, en Irak.

En avril dernier, Ali Harzi, 29 ans, originaire de l’Ariana, a été classé comme «terroriste mondial expressément désigné» par le département d’Etat américain, dans un document décrivant «ce citoyen tunisien installé en Syrie, qui a rejoint Ansar Charia en Tunisie (AAC-T), en 2011», comme «membre de haut rang (de cette organisation terroriste, Ndlr) accusé de recrutement de combattants de l’AAC-T et leur déplacement vers la Syrie, et également soupçonné de trafic d’armes et d’explosifs vers la Tunisie.»

Quelques jours plus tôt, l’Organisation des Nations unies a ajouté à sa liste des terroristes affiliés à Al-Qaïda les noms d’Ali Harzi et son frère Tarek, 33 ans. Selon un communiqué du Conseil de sécurité de l’ONU, les deux frères se trouvaient en Syrie, depuis mars 2015, et qu’ils se déplaçaient occasionnellement en Irak pour y accomplir certaines missions.

Tunis ne trouve pas de preuves…

Cette déclaration de l’ONU a rappelé qu’en 2005 Ali Harzi «a été arrêté et condamné à 30 mois de prison ferme pour tentatives d’attaques terroristes… en Tunisie.» L’organisation internationale l’accuse clairement d’avoir «planifié et perpétré l’attaque» contre la mission diplomatique américaine à Benghazi.

Au lendemain de cet attentat du 11 septembre 2012, Ali Harzi a pris la fuite vers la Turquie, où il a été arrêté à l’aéroport, vers la fin octobre 2012, et détenu pendant plusieurs jours avant son extradition vers la Tunisie. Les agents du FBI ont eu l’occasion, en décembre 2012, de l’interroger alors qu’il était en état d’arrestation, à Tunis. Au grand désarroi de Washington, Ali Harzi a été remis en liberté par les autorités tunisiennes, en janvier 2013, invoquant «le manque de preuves contre lui…» Merci Noureddine Bhiri, ministre de la Justice de l’époque!

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Ali Harzi du temps où il militait à Tunis dans les rangs des Ansar Charia.

Peu de temps après la fin de détention, le 6 février 2013, le très populaire dirigeant de gauche Chokri Belaïd est assassiné. Le 25 juillet de la même année, Mohamed Brahmi, une autre grande figure de l’opposition tunisienne, a été tué. Dès le lendemain de ce deuxième meurtre politique, les autorités tunisiennes ont soutenu qu’Ali Harzi était impliqué dans les deux assassinats.

Pendant quelque temps, Ali Harzi disparaîtra des radars…

En mars dernier, peu de temps avant «les désignations» de l’ONU et du département d’Etat américain, le cas d’Ali Harzi a refait surface, à Tunis, lorsque les autorités tunisiennes ont émis un mandat d’arrêt contre lui.

Aujourd’hui, il semble que le dossier des frères Harzi est définitivement clos: Tarek a trouvé la mort en Syrie et Ali a été tué en Irak… Ils emportent avec eux une bonne part de la vérité sur ce qu’ils ont pu semer comme haine, terreur et malheur… sur le nombre de jeunes Tunisiens qu’ils ont convertis au salafisme et au djihadisme… et sur Daêch, le monstre.

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