On en apprend davantage sur l’auteur de l’attentat terroriste d’hier à El-Kantaoui (Sousse) et sur… les carences de nos services antiterroristes.
Par Zohra Abid
Contrairement aux déclarations du chef du gouvernement Habib Essid, qui a précisé, dans la conférence de presse donnée dans la nuit du vendredi à samedi 27 juin 2015, que rien ne laissait prévoir que Seifeddine Rezgui était un terroriste potentiel, la page Facebook de l’intéressé, que nous avons pu consulter hier soir avant qu’elle ne soit supprimée (sans doute par les autorités), laisse transparaitre une personnalité entièrement vouée au jihad et prête à passer à l’acte.
«Si l’amour du jihad est un crime, tout le monde peut témoigner que je suis un criminel», avait-il notamment écrit dans l’un de ses post.
Son dernier post remonte au 31 décembre 2014. Il s’en prenait farouchement aux gens qui célèbrent le nouvel an. Pour lui, ce sont des «koffar» (mécréants), tout comme ceux qui leur souhaitent bonne année.
Seifeddine Rezgui, qui se présentait comme étudiant à l’Institut Imam Malek de théologie à El-Manar, ne cessait de faire l’éloge des exploits de l’Etat islamique (Daêch). Et tout en appelant au jihad, il se disait prêt à mourir pour que l’Etat islamique soit instauré.
Convaincu que la démocratie est un leurre et les élections une supercherie, il notait ceci dans un autre post: «Les héros sont dans les tombes, les vrais hommes dans les prisons et les traîtres dans les palais».
Tout ceci aurait dû mettre la puce à l’oreille des services antiterroristes, qui n’ont malheureusement rien vu venir jusqu’au massacre d’hier.
Ce sont sans doute ces services qui ont transmis des informations erronées à M. Essid. Prenant à son compte, un qualificatif utilisé par l’Etat islamique (Daêch) pour désigner l’auteur de l’attentat, le chef du gouvernement a parlé d’un «loup solitaire, difficile à repérer».
«Son nom n’est pas inscrit dans le fichier des éléments terroristes établi par le ministère de l’Intérieur. Il ne s’est jamais absenté des cours de TP et rien ne laissait prévoir son appartenance à un quelconque courant. Son passeport lui a été délivré en 2013, mais il n’a pas quitté le pays et son dossier judiciaire est vierge, car il n’a rien fait qui puisse être signalé», a expliqué M. Essid, trahissant l’ampleur de l’incompétence des services antiterroristes qui n’ont pas vu venir ce «loup solitaire» avec sa kalachnikov pour perpétrer le plus terrible attentat terroriste en Tunisie. Quels gâchis !
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