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Moncef Sellami, un franc-tireur dans le milieu des affaires tunisien

Moncef-Sellami

Moncef Sellami a énervé les hôteliers en «révélant» un secret de polichinelle : ces derniers ont trop profité (et même abusé) jusque-là du système.  

Par Imed Bahri

«La Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH) s’indigne des propos fallacieux et infondés tenus par le député Moncef Sellami, lors de son intervention à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), à l’occasion de la discussion sur la Loi de finances complémentaire pour l’année 2015», indique l’organisation professionnelle dans un communique publié lundi, en sommant M. Sellami «à retirer ses propos et à présenter publiquement ses excuses. Faute de quoi, elle se réserve le droit de prendre les mesures qu’elle jugera adéquates».

Brrr… Moncef Sellami doit trembler de peur ! Mais quel crime de lèse-majesté ce dernier a-t-il  commis?

Lors de son intervention, la semaine dernière, dans le cadre des discussions du projet de loi portant sur recapitalisation des banques publiques, l’homme d’affaire (One Tech Group) et député de Nidaa Tounes avait juste (et très justement) déclaré que les crédits octroyés par les banques au secteur touristique sont en partie utilisés pour d’autres usages que ceux auxquels ils auraient dû servir, en citant les résultats d’une enquête réalisée par une banque de la place sur l’emploi réel de ces crédits.

Venant du patron de l’un des meilleurs groupes industriels tunisiens, qui était, dans une vie antérieure, banquier, et qui sait donc de quoi il parle, cette déclaration n’a pas manqué de faire mouche. Et c’est tant mieux.

Le communiqué de la FTH – dont le ton agressif prête vraiment à sourire – aurait eu un sens si les affirmations de M. Sellami étaient dénuées de fondement, or, il est un secret de polichinelle que l’essentiel des crédits accrochés sous lesquels croulent les banques publiques tunisiennes ont été contractés par des promoteurs hôteliers, et que ces crédits n’ont pas toujours été utilisés à bon escient, c’est un euphémisme.

Résultat des courses : on a, en Tunisie, un secteur touristique en crise, des hôtels croulant sous les dettes et des… hôteliers plutôt prospères ! Et qui n’ont de cesse de pomper l’argent du contribuable. En témoignent les nouveaux cadeaux qui leur sont offerts dans le cadre de la Loi de finances complémentaire 2015 pour les aider à faire face à la crise actuelle, comme s’ils étaient les seuls à en souffrir, cette satanée crise !

Aussi, ceux qui pensent que les fonds réservés à aider les hôteliers auraient été mieux utilisés… pour les agriculteurs ou les industriels, n’ont-ils pas totalement tort.

Derrière cette polémique qui secoue le milieu des affaires, une conclusion s’impose: des hommes francs et jaloux de l’intérêt public comme M. Sellami, on en a beaucoup besoin, aujourd’hui, en Tunisie, et surtout pour briser cet esprit corporatiste qui fait tant de mal à la Tunisie.

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