Peut-on encore sauver l’économie tunisienne sans mettre en route immédiatement les réformes requises et encadrer strictement le droit de grève?
Par Imed Bahri
‘‘EcoWeek’’ brosse un tableau peu réjouissant – c’est un euphémisme – d’une «économie tunisienne en dépression depuis le début de l’année».
«La croissance est en panne et il y a fort à parier que l’année 2015 va acter la stagnation économique en Tunisie», souligne cette lettre hebdomadaire publiée par Thema, un think tank fondé par l’économiste Hachemi Alaya (n° 28-2015, du 10 août 2015), qui appelle les partis au pouvoir à assumer leurs responsabilités et notamment en mettant en route immédiatement «les réformes salvatrices dont le pays a un besoin impérieux.»
Un tableau noir
Recul de la production de toutes les filières de l’industrie à l’exception notable de l’oléiculture, dégradation de l’état des banques, finances publiques dans un piteux état, avec des recettes fiscales qui rentrent mal, un creusement du déficit de l’Etat, une aggravation de l’endettement public… A cela s’ajoutent la hausse des prix, la régression des échanges extérieurs malgré une hausse des exportations de l’huile d’olive, le ralentissement de l’investissement et de la consommation…
Face à ce tableau noir, la conclusion d’‘‘EcoWeek’’ est on ne peut plus inquiétante, qui tranche avec l’optimisme de circonstance affiché par les membres du gouvernement: «Nul doute que le chiffre de la croissance au deuxième trimestre qui sera publié le mois prochain ne sera pas bon. Les signaux émis par la production agricole, la production industrielle, le tourisme, les rentrées fiscales, l’encours du crédit, l’évolution du stock de moyens de paiement en circulation dans l’économie, etc., n’augurent guère d’une activité productive en voie d’amélioration. Le PIB attendu sera comme au premier, en recul par rapport au trimestre précédent.»
Pour espérer redresser la situation, il n’y a pas 36.000 solutions. La marge est on ne peut plus étriquée et les solutions plus douloureuses les unes que les autres. ‘‘EcoWeek’’ appelle, dans ce contexte, à faire un diagnostic lucide de la situation, à évaluer lucidement les forces et faiblesses de l’économie tunisienne, à dire la vérité aux Tunisiens, à faire face aux populismes qui prospèrent sur l’inculture économique et alimentent la méfiance à l’égard de l’économie de marché et des libertés économiques, à combattre les corporatismes de toutes sortes qui s’acharnent à défendre des acquis et privilèges au détriment de l’intérêt général…
Le rôle destructeur des syndicats
Bref, ‘‘EcoWeek’’ préconise de mettre en place un climat favorable aux réformes économiques qu’il convient de mettre en route immédiatement et sans plus tarder pour améliorer l’attractivité du pays, libérer ses structures économiques des entraves de toutes sortes qui bloquent l’investissement et la production, favoriser l’initiative entrepreneuriale et les progrès de la productivité. «Quitte pour cela à partir en guerre contre les syndicats comme le montre le projet de loi britannique encadrant strictement le droit de grève déposé à la mi-juillet par David Cameron», souligne ‘‘EcoWeek’’, qui jette ainsi un pavé dans la mare, en s’attaquant à une vache sacrée appelée UGTT, dont le rôle dans la détérioration de la situation économique actuelle de la Tunisie n’a pas été suffisamment mis en exergue. Sauf, peut-être, par l’ancien ministre des Finances, économiste de son état et ancien conseiller de la centrale syndicale, qui a pointé du doigt, à maintes reprises, les mouvements sociaux, paralysant la machine économique, et les revendications salariales excessives, grevant dangereusement les finances publiques.
Peut-on encore faire l’économie de ce débat si l’ont veut réellement sauver l’économie tunisienne d’une banqueroute annoncée?
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