Les partisans de la vente de la BFT pour régler le vieux litige opposant l’Etat tunisien à la société ABCI reviennent à la charge.
Par Nabil Ben Ameur
Les autorités tunisiennes seraient-elles tentées de nouveau par la fuite en avant dans le litige opposant l’Etat à la société Arab Banking Corporation Investments (ABCI) au sujet de la Banque franco-tunisienne (BFT), en vendant cet établissement à une tierce partie, dans l’espoir de se débarrasser de ce problème qui traine depuis plus de deux décennies?
Coûteuse solution à l’amiable
D’après une source proche du dossier, cette option serait en passe d’être remise sur la table par le clan au sein de l’Etat opposé à une solution amiable avec ABCI. Le cas échéant, ce serait la quatrième tentative de «privatisation» en près de 8 ans.
La première tentative avait eu lieu en 2007 et avait tourné court parce que l’ancien président Ben Ali avait alors refusé que l’Etat accorde à l’éventuel acquéreur sa garantie que celui-ci n’assumera pas les conséquences financières du – plus que probables – jugement que le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), le tribunal arbitral relevant de la Banque mondiale et saisi de ce litige depuis 2003, va rendre dans cette affaire.
La procédure de la vente par le biais d’un appel d’offres international ayant ainsi échoué, le gouvernement avait alors exploré une nouvelle piste : la cession de gré à gré au profit d’un groupe local solide. Qui n’a pas abouti également à cause du problème de la garantie de l’Etat.
La troisième et dernière tentative de vente de la BFT remonte à septembre 2010, lorsque la Société tunisienne de banque (STB) a lancé un appel d’offres pour la cession de sa participation dans le capital de la BFT (78,16%), à un investisseur stratégique, en l’occurrence un tunisien agissant seul, ou un consortium dirigé par un opérateur tunisien.
La fuite en avant
Cette opération a encore une fois tourné court parce qu’aucun candidat au rachat n’avait soumissionné après que la société ABCI ait – par voie de communiqué publié dans la presse tunisienne – averti les candidats qu’elle «se considère toujours propriétaire des actions de la BFT, et se réserve le droit de poursuivre les éventuels repreneurs».
Aujourd’hui, et malgré ces multiples échecs, la vente de la BFT serait de nouveau à l’ordre du jour. Et d’après nos sources, les partisans du passage en force au sein de l’Etat seraient en train de pousser pour que celui-ci accorde cette fois-ci sa garantie et rende ainsi la vente possible. Ce qui aurait pour résultat de compromettre définitivement toute possibilité de règlement amiable avec ABCI. C’est pourtant seul moyen d’alléger un tant soit peu la facture des réparations que l’Etat va tôt ou tard devoir payer. Un Etat dont les ressources financières s’amenuisent et qui fait face à d’énormes difficultés de financement.
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