L’Etat tunisien est en train de renverser la vapeur contre le terrorisme, mais le chemin menant à une victoire contre cet «ogre» est encore long.
C’est en somme le constat dressé par le colonel-major Mokhtar Ben Nasr, le président du Centre tunisien des études de la sécurité globale (CTESG) et ancien porte-parole du ministère de la Défense, dans son intervention, mercredi, lors du débat national sur les instruments de la lutte anti-terroriste, organisé par le Centre d’études de l’islam et de la démocratie (CSID), dirigé par Radwan Masmoudi.
Pour que la Tunisie puisse un jour triompher du terrorisme, quatre conditions doivent être réunies, selon M. Ben Nasr.
La première condition est la paix… politique. «Aujourd’hui, le danger est politique», estime le colonel-major Ben Nasr. Ce danger, en l’occurrence, la discorde est l’un des facteurs qui empêchent le pays de se concentrer comme il se doit sur la lutte anti-terroriste. Et pour qu’il lui puisse le faire, «il faudrait que l’opposition sache que l’intérêt supérieur de la nation» exige une forme de sainte alliance entre toutes les forces.
La deuxième condition à remplir c’est la paix sociale. M. Ben Nasr en appelle aux syndicats pour qu’ils prennent conscience qu’il y a «des limites aux revendications» sociales et que «si l’Etat avait les moyens de distribuer il donnerait à tous».
L’ancien porte-parole du ministère de la Défense constate que, sur fond de troubles sociaux, nous vivons une «dictature de la rue». «On ne peut pas construire une démocratie dans l’anarchie et le non-respect de la loi», souligne cet officier supérieur à la retraite.
M. Ben Nasr voudrait également, troisième des conditions à réunir, que le gouvernement se fasse entendre. «En matière de communication, le gouvernement n’a pas de voix», regrette l’expert militaire. «Dans le dossier du terrorisme, la voix du gouvernement est absente. Comment alors créer une opinion publique hostile à ce phénomène?», s’est-il interrogé.
Enfin, le colonel-major Ben Nasr souhaite que «la justice fasse de plus grands efforts et prononce des jugements rapidement» (dans les procès pour terrorisme) car, à défaut, «les groupes terroristes vont continuer à pouvoir recruter».
Bref, l’expert appelle politiques, gouvernement, syndicats et justice à faire plus d’efforts pour garantir les plus grandes chances de réussite à la guerre que l’Etat mène contre le terrorisme.
Nabil Ben Ameur
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