C’est ce que soutient Issam Dardouri, président de l’Organisation tunisienne des forces de sécurité et du citoyen (OTFSC), précisant que des preuves sécuritaires fournies à la justice étaient suffisantes pour inculper Mohamed Guebli, un extrémiste religieux, propriétaire d’un restaurant à la cité Ettahrir, à l’ouest de Tunis. Il était soupçonné d’avoir supervisé l’attaque du Musée du Bardo, le 18 mars dernier (20 morts et 50 blessés).
«L’Unité nationale d’investigation dans les crimes terroristes d’El-Gorjani a présenté des preuves et des aveux d’autres accusés, inculpant Guebli, et le présentant comme le chef ayant supervisé toute l’opération», a confié Issam Dardouri à Kapitalis. Il a expliqué que le suspect avait dans son téléphone portable une vidéo montrant des terroristes armés à Médenine, non loin de l’endroit où un dépôt d’armes a été découvert.
Notons que les aveux de ses camarades n’ont pas été pris en compte, puisqu’ils ont accusé les policiers de les avoir torturés pour obtenir ces aveux…
«Lors de l’interrogatoire, il a décrit avec précision le chemin à emprunter pour se rendre au dépôt. Il a même évoqué des détails qui ont permis aux agents sécuritaires de démanteler le réseau», a précisé M. Dardouri. «Son numéro de téléphone a été trouvé dans la liste des appelants et appelés, en contact avec Jabeur Khachnaoui, tué dans l’attentat du Musée du Bardo, avec son complice Yassine Labidi», a-t-il ajouté.
L’OTFSC s’inquiète des libérations des présumés terroristes, que les juges justifient par la légèreté des dossiers d’instruction qui ne contiennent pas de preuves suffisantes pour justifier une accusation judiciaire et une mise en dépôt. «Plusieurs présumés terroristes ont été arrêtés et relâchés, dont Tahar Weld El-Barra, ayant mené l’attaque de Sidi Bouzid en 2014, qui se trouve actuellement en Syrie, ou encore Gueydi qui a rejoint les rangs de Daêch en Libye ou les 2 jeunes du fameux camps de Menzel Nour, qui n’ont jamais été des scouts mais des extrémistes. Ils sont en Libye avec Daêch aussi… Pour ne citer que ceux-là», a-t-il dit.
Un débat sans fin, tant que les moyens manquent en Tunisie : ces arrestations policières suivies de libération par la justice sont-elles une preuve du laxisme des juges ou de l’inefficacité des policiers instructeurs, qui manquent de moyens, de savoir-faire et de temps pour bien mener les enquêtes avant de procéder aux arrestations?
Les deux institutions continuent de se jeter la pierre, alors que les couacs dans la lutte antiterroriste se poursuivent…
Y. N.
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