Une belle expérience humaine, l’espace de quelques jours, 9 jeunes tunisiens invités en Suisse pour s’initier à la démocratie et pas n’importe laquelle.
Texte et photos de Haykel Ezzeddine, correspondant à Genève.
Il s’agit, bien sûr, de la démocratie suisse, celle où le peuple constitue l’autorité politique suprême. 9 jours d’immersion, inspiration, apprentissage pour ces 9 privilégiés.
Depuis mardi et jusqu’au lundi prochain, 9 jeunes tunisiens sont les invités de l’association la Nouvelle Société Helvétique Groupe Genève, qui fête cette année son centenaire.
Laurence Kraft et Ikbel Msadaa.
L’apprentissage de la démocratie
Excellente initiative pour l’apprentissage de la démocratie. La conseillère municipale Florence Kraft, à l’origine de cette entreprise, a invité, au nom de l’association qu’elle préside, 9 tunisiens dont 2 membres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour un apprentissage de la démocratie made in Suisse.
Kapitalis a posé la question à l’organisatrice: «Pourquoi faire venir ces Tunisiens en Suisse?» Réponse: «Nous voulons contribuer à former les futurs leaders de la Tunisie. Jusqu’à maintenant, ils ne connaissent que le système politique français et nous aimerions les initiés au modèle suisse.»
Raymond Loretan.
Même discours tenu par Raymond Loretan, ex-diplomate, ex-président de la SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision) et candidat pour les élections au Conseil des États. Il a animé mercredi un débat à l’intention des hôtes tunisiens où il était question de l’histoire de la Suisse, de sa construction, de sa neutralité, des différences culturelles de sa population, de sa politique collégiale, de son fédéralisme, de la démocratie directe avec le peuple comme autorité politique suprême…
Initiatives, référendums et pétitions
La recette de la Suisse? C’est le consensus, la liberté des institutions, le dialogue dans le respect de l’autre. Ce modèle reste hélas unique et non exportable car il puise sa force dans les urnes avec les fameuses initiatives, référendums et pétitions dont les Suisses sont champions du monde.
Pour clôturer sa conférence-débat, Raymond Loretan, qui trouve la Tunisie comme une belle source d’inspiration, a suggéré aux apprentis démocrates de commencer par rédiger une charte pour le respect des identités et donner aux communes et aux villages des compétences constituant ainsi le début vers une démocratie participative.
Les 9 invités de ce circuit qui s’intitule «La démocratie ne tombe pas du ciel» parcourront des centaines de kilomètres et visiteront plusieurs villes. Ils iront également en Suisse centrale et plus exactement au Grütli, les racines de la Suisse, là où tout a commencé avec le serment historique du mythe fondateur de la Suisse. Et ce n’est pas tout, des rencontres avec des politiciens et participations comme spectateur aux débats du Conseil municipal et du Grand Conseil de la ville de Genève, ainsi que du Conseil national et du Conseil des États à Berne, sont programmées pendant ce séjour fort bénéfique pour cette jeunesse tunisienne qui fourmille d’idées et piaffe d’impatience pour qu’à son retour à Tunis elle sème les graines de la démocratie à la mode Suisse.
Ikbel Msadaa (CPR, El-Moatamar), l’une des 2 filles qui fait parti de ce voyage, est très heureuse de cette expérience nouvellement acquise. En cette période de transition difficile, Ikbel veut transmettre ce qu’elle a appris de son voyage en Suisse: «Le dialogue, le consensus, la décentralisation, le maintien des liens, le respect des institutions, l’échange et la démocratie de la petite Suisse, un grand modèle de réussite». Pari gagné? On le saura l’année prochaine, quand la conseillère municipale Florence Kraft, présidente d’une autre association Adapt (Association pour le développement, et l’animation des sites et du patrimoine en Tunisie) se rendra à Tunis avec un groupe de Suisses pour consolider les relations avec ses 9 protégés.
Les 9 Tunisiens faisant partie du voyage :
– Ayoub Salah Edin Ben Hassen, ingénieur en électromécanique ;
– Meriem Ben Romdhane, diplômée de l’Institut des hautes études commerciales de Tunis et maîtrise en administrations des affaires de l’Université du Québec ;
– Brahim Ben Said, député ARP ;
– Ikbel Chammakhi Msadda, professeur en informatique à l’ENSTAB, Université de Carthage ;
– Ghassen Dridi, informaticien et diplômé en sciences politiques
– Marouen Habita, maîtrise en informatique, master en management
– Raed Jelali, maîtrise en informatique, master de la faculté de droit, sciences économiques et politiques de Tunis.
– Hrizi Mabrouk, député ARP.
– Ahmed Marzouk.
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