Selon l’expert en gouvernance Moez Joudi, la polémique de souveraineté nationale à propos l’affaire Yassine Brahim-Groupe Lazard n’aurait pas lieu d’être. Vidéo.
Invité, jeudi 5 novembre 2015, de l’émission ‘‘Ness Nessma News’’, l’économiste a expliqué que la question du recours aux services du Groupe Lazard a été mal communiquée, mal comprise, mal perçue et, par conséquent, elle est devenue une controverse qui pourrait coûter à un ministre son portefeuille, au gouvernement sa crédibilité fragile et au pays une précarisation plus grande de sa stabilité, déjà sérieusement incertaine.
Pour Moez Joudi, les notions de la totale indépendance d’un Etat dans ses choix économiques et financiers et de la souveraineté des nations sont des concepts d’un autre âge, dépassés et totalement inapplicables, en ce début du 21e siècle. Les vieilles recettes des années ’60, ’70, ’80 et ’90 du siècle dernier n’ont plus aucune validité, aujourd’hui. «Continuer à appliquer cette formule ancienne de l’Etat qui décide, en toute indépendance, de tout ce qui le concerne en matière d’options économiques et financières, de développement, de plans quinquennaux ou décennaux, etc., placerait cet Etat hors du jeu qui se joue à l’échelle mondiale. Vouloir défendre obstinément une certaine souveraineté idéale, c’est-à-dire à contrecourant de ce qui se fait partout ailleurs, est une approche galvaudée», a expliqué le président de l’Association tunisienne de gouvernance (ATG).
Aujourd’hui, poursuit Moez Joudi, tous les pays font appel, à un moment ou à un autre, à l’assistance de ces grands groupes financiers – les Goldman Sachs, Rothschild, JP Morgan et Lazard. «Telle est la pratique la plus normale et la plus ordinaire pour tous les Etats, en ces temps présents et aux quatre coins de la planète», insiste-t-il.
La raison de cet état de fait est toute simple, selon Moez Joudi: «Ces mastodontes de la finance internationale possèdent des moyens dont les Etats et les gouvernements ne disposent pas; ils ont des carnets d’adresses très riches et très variés; ils contrôlent des lobbies qui peuvent peser de tous leurs poids et faire la pluie et le beau.»
Bref, Moez Joudi nous a expliqué, hier, que la Tunisie ne pouvait en aucun cas échapper aux règles de ce jeu de la finance internationale.
Comprenons, donc, que le ministre du Développent, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Yassine Brahim, en recourant au Groupe Lazard pour assurer le marketing des grands projets d’infrastructures inscrits dans le plan de développement 2016-2020, n’a fait que suivre une démarche ordinaire et emprunter la voie que d’autres pays (la Grèce, le Maroc et l’Algérie, par exemple) n’hésitent pas à emprunter…
Le seul reproche que M. Joudi a fait sur la manière dont cette opération a été menée: M. Brahim s’est contenté d’une consultation très restreinte. Ce serait uniquement sur ce plan procédural, sur cette «opacité» maladroite et cet excès de discrétion, que la démarche du ministre serait reprochable.
Marwan Chahla
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