Pour la société GIF Filter, qui vient d’expédier, vendredi dernier, sa première commande de filtres vers l’Europe, l’année 2016 s’annonce prometteuse. Visite à l’usine de Grombalia.
Par Zohra Abid
Après la validation de ses produits par les fournisseurs du groupe PSA Peugeot-Citroën et les négociations avec d’autres distributeurs européens, GIF Filter, filiale de la Holding UADH (groupe Loukil), a expédié sa première commande à l’exportation, le vendredi 13 novembre 2015. Le premier conteneur, à moitié plein, parti vers le nord de la Méditerranée, compte plus de 50.000 filtres. La quantité est certes encore timide, mais le marché a bel et bien démarré. Et c’est rassurant.
C’est un travail presque artisanal. Il exige doigté et patience.
Modernisation des machines
Le directeur général de GIF Filter depuis mai dernier, Imed Zouari, un ancien de Misfat, leader de la fabrication de filtres en Afrique du Nord, espère une bonne année 2016 avec l’exportation de 1 million de filtres et le double en 2017. Il fait confiance à la compétence de son équipe et se dit optimiste quant aux perspectives de conquérir de nouveaux marchés. Lui, qui connait bien le secteur, a compris que, pour bien négocier les marchés, il faut être au niveau de la concurrence en modernisant notamment les machines en retard technologique. C’est désormais chose faite, puisque l’usine fonctionne déjà avec une nouvelle machine à la pointe des innovations dans le secteur.
Beaucoup d’ouvrières qui ont fait toute leur carrière dans la société.
Ce jour-là, à l’usine GIF Filter à Grombalia (Nabeul), qui s’étend sur 20.000 m2 dont 8.000 couverts, tout est calme, mais tout le monde travaille comme des fourmis. La société compte 290 employés, dont 180 à l’usine (avec un taux d’encadrement de 30%), une majorité des femmes et une dizaine d’ingénieurs.
Il faut dire qu’après la révolution, GiF Filter a fait face à des mouvements sociaux et, après son rachat en 2013 par le Groupe Loukil, a su réagir positivement en mettant en route les changements structurels nécessaires. Depuis, la paix sociale règne de nouveau. «Tous les problèmes se discutent autour d’une table entre les responsables et le syndicat», explique Abdelkarim Mechi, ingénieur et directeur de l’usine. Il n’est pas peu fier d’avoir dans son effectif 1 femme ingénieure, 6 techniciennes supérieures et beaucoup d’ouvrières qui ont fait toute leur carrière dans la société.
Imed Zouari.
Après près de 6 mois d’échanges de données et 2 mois de formation spécifique, les produits de l’usine ont été validés par PSA Peugeot-Citroën, mais la première expédition a dû attendre 3 mois encore suite à des contraintes imprévues. «Nous allons augmenter au fur et à mesure nos expéditions. Pour 2016, elles atteindront 1 million de filtres. Cet essai sera confirmé en 2017», a souligné M. Zouari, qui est d’autant plus optimiste que Gif Filter a été consultée par les fournisseurs agréés du Groupe PSA Peugeot-Citroën pour le compte de 2 autres grands marchés en Europe. «Nous sommes bien placés sur ce segment et nous avons de grandes chances pour remporter ces deux marchés», a ajouté M. Zouari. Et pour cause : Gif Filter dispose aujourd’hui du niveau de qualité qui va lui permettre de postuler sérieusement aux consultations européennes en 2017.
Pour 2016, GIF Filter espère exporter 1 million de filtres sur l’Europe.
A cause du marché parallèle, l’exacerbation de la concurrence et une conjoncture économique plutôt difficile, l’année 2015 n’a pas été «au top», admet M. Zouari, mais il reste confiant : l’année 2016 sera nettement meilleure. «Nous jouissons d’une bonne presse. Notre part du marché local s’élève à 40% et nous pouvons faire mieux. GIF Filter est certes le 2e opérateur du secteur après Misfat. Mais grâce aux synergies au sein de l’UADH, le pôle automobile du groupe Loukil, et au brevet, la société, déjà cotée en Bourse, peut regarder l’avenir avec confiance.»
Une véritable fourmilière.
A l’intérieur de l’usine, les femmes sont absorbées par leurs tâches. «C’est un travail presque artisanal. Il exige doigté et patience», confie M. Mechi. La nouvelle machine ayant coûté la bagatelle de 1 million de dinars est déjà fonctionnelle. Au fond de l’usine, au rayon de la pression, des hommes s’affairent. Ici, il y a un peu de bruit, comme un bourdonnement d’abeille, mais qui n’est pas vraiment gênant.
Des tests de fiabilité
Au laboratoire, l’ingénieur Hedi Mouldi effectue les tests de qualité et de durée de vie des filtres avant leur validation et leur mise sur le marché. «Cette machine est la plus importante acquisition de l’an dernier. Elle permet de tester la durée de vie d’un filtre. Nous comptons 25.000 démarrages en 24H00», explique-t-il.
Imed Zouari et Abdelkarim Mechi.
Devant le bâtiment de l’usine, le conteneur est déjà garé. Dans peu de temps, les ouvriers vont le charger. «Nous avons 2 transporteurs certifiés. Ils sont homologués par PSA. Plus tard, si le volume des commandes augmente, on aurait des partenaires en Europe pour le stockage de nos produits», a poursuivi M. Zouari. Et c’est normal. Une grève dans les ports ou des conditions climatiques extrêmes pourraient causer des retards. Il vaut mieux donc être prévenant pour pouvoir répondre aux commandes dans les meilleurs délais.
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