Le parti islamiste Ennahdha veut peser sur le prochain remaniement du gouvernement Essid pour faire pousser son avantage.
Par Zohra Abid
Trois ministres du gouvernement Habib Essid, en poste depuis janvier 2015, sont dans le collimateur de Rached Ghannouchi et du parti islamiste Ennahdha: Taïeb Baccouche, Othman Battikh et Kamel Jendoubi.
Selon plusieurs sources, le ministre des Affaires étrangères a beaucoup énervé les Nahdhaouis, ces derniers temps, pour avoir critiqué la Turquie d’Erdogan, qui facilite l’entrée des jihadistes tunisiens en Syrie. Le nom de Mongi Hamdi, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement provisoire de Mehdi Jomaa (janvier-décembre 2014), est avancé pour le remplacer. D’autant que ce dernier vient de rentrer du Mali, après avoir accompli sa mission dans ce pays pour le compte des Nations unies.
Le ministre des Affaires religieuses, Othman Battikh, pose lui aussi problème aux yeux des islamistes, qui n’ont pas apprécié sa décision de limoger certains imams radicaux, dont l’ancien ministre des Affaires religieuses Noureddine Khademi, ou encore Ridha Jaouadi, ex-imam de la mosquée Sidi Lakhmi à Sfax, tous deux connus pour leurs affinités tapageuses avec Ennahdha.
Kamel Jendoubi, ministre chargé des Relations entre les institutions constitutionnelles et la société civile, serait, lui aussi, dans le viseur d’Ennahdha, qui lui reprocherait, notamment, d’avoir mis à l’index de nombreuses associations islamistes aux financements et activités pour le moins douteuses.
Il est à rappeler que le chef du gouvernement Habib Essid s’est rendu, à plusieurs reprises, au siège d’Ennahdha, où il a rencontré Rached Ghannouchi pour discuter du remaniement ministériel devant être annoncé dans les prochains jours.
On apprend, par ailleurs, que d’autres ministres seraient aussi sur le départ pour manque de résultat, notamment Yassine Brahim (Développement, Investissement et Coopération internationale), Salma Elloumi Rekik (Tourisme et Artisanat), Maher Ben Dhia (Jeunesse et Sports) et Nejib Derouiche (Environnement et Développement durable). Ennahdha chercherait même carrément à faire disparaître ce ministère. Il chercherait, surtout, à faire nommer certains de ses pions dans des postes ministériels, en profitant de la crise actuelle de Nidaa Tounes, très affaibli et qui a beaucoup perdu de sa crédibilité et de son rayonnement.
Il va sans dire qu’Ennahdha est très satisfait du rendement (quasi-nul) de «son» ministre Zied Ladhari (Formation et Emploi), totalement invisible et dont on se demande ce qu’il fait (ou ne fait pas) dans un gouvernement dont la principale priorité reste, on le sait, la lutte contre le chômage qui touche 15% de la population active et plus de 40% des diplômés du supérieur.
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