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Un détenu homosexuel affirme avoir été torturé et humilié

Homosexuels

Un étudiant homosexuel, qui a été incarcéré à Kairouan, dénonce les tortures physiques et morales dont il a été victime lors de sa détention.

C’est l’association Shams, défendant les droits des homosexuels, qui a rapporté, hier, dimanche 10 janvier 2016, le  témoignage de J. A.

Comme ses camarades, l’étudiant âgé de 19 ans est en liberté provisoire depuis le 7 janvier, après avoir payé une caution de 500 dinars, en attendant le procès en appel. Il avait été condamné, lui et ses camarades, le 10 décembre 2015, par le tribunal de première instance de Kairouan, à 3 ans de prison et un bannissement de la ville de Kairouan pour une durée de 5 ans.

J. A. est revenu sur les conditions d’incarcération, qui peuvent se résumer en deux mots : torture et humiliation.

Au lendemain de son arrestation, il a refusé de subir le test anal, ordonné par la justice pour prouver qu’il a subi une pénétration anale et, par conséquent, son homosexualité. «J’ai été battu par le policier qui m’accompagnait à l’hôpital et j’ai donc fini par accepter», raconte-il.

Les étudiants ont ensuite été conduits à la maison d’arrêt, que le jeune homme décrit comme «une tombe collective».

«Dans la cellule, le calvaire a commencé dès la première minute. D’abord par les agents pénitentiaires, qui nous ont battus et laissés dormir à même le sol, sans couverture ni même un drap, sur un sol humide et glacial», raconte-t-il, ajoutant : «Bien sûr, les agents ont ébruité la raison de notre arrestation, faisant de nous la risée de la cellule, où se trouvaient plus de 190 détenus. Beaucoup d’entre eux nous battaient et nous touchaient les parties intimes, sous le regard des gardes, qui se permettaient, eux aussi, de nous toucher».

Le jeune homme rapporte aussi avoir été humilié par d’autres détenus, qui l’ont dénudé, lui et ses camarades, et leur ont demandé de danser. Quand ils s’arrêtaient de danser, ils les battaient. «On nous posait des questions intimes et quand ne répondait pas, ils nous frappaient avec des bâtons», dénonce encore l’étudiant, ajoutant qu’ils ne fermait pas l’œil de la nuit de peur de subir un malheur.

J. A. a aussi indiqué que les agents pénitentiaires les convoquaient à chaque fois qu’ils s’ennuyaient. «Pour se divertir, ils nous appelaient. Ils étaient une quinzaine, nous passaient à tabac: coups de pied, de poing, avec des bâtons… Ils nous obligeaient à nous agenouiller pour mieux nous battre, nous insultaient, puis nous suspendaient au mur et nous faisaient subir la torture par l’eau. Ils ne nous relâchaient que lorsque nous étions à bout», raconte encore le jeune homme. Qui affirme avoir tenté de se suicider pendant sa détention en ingurgitant des médicaments retrouvés chez un autre détenu.

«J’ai détesté la vie et perdu espoir. Je ne pouvais ni dormir, ni vivre. Même la nourriture et les vêtements que nous ramenaient nos proches étaient confisqués. Après ma sortie de prison, je ne veux et ne peux plus vivre. Cloitré dans ma chambre, je ne parviens plus à communiquer avec ma famille. Mes études sont foutues, ma vie est foutue. Mon pays m’a détruit, m’a oppressé et m’a totalement brisé», a-t-il conclu.

Y. N.

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