Tunisie Telecom et Ooredoo ont officialisé, lundi 11 janvier 2016, le lancement du premier réseau d’accès radioélectrique (RAN sharing).
Par Zohra Abid
Le coup d’envoi de ce projet commun entre les 2 opérateurs concurrents a eu lieu au complexe technique de Tunisie Telecom (TT), en présence de Noomane Fehri, ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, du gouverneur Mehdi Zaoui, du Pdg de Tunisie Telecom, Nizar Bouguila, et du directeur général d’Ooredoo Tunisie, Youssef El-Masri.
Un partenariat stratégique
Au programme, une visite au siège du gouvernorat perché sur les hauteurs verdoyants de la ville de l’églantier, l’inauguration du RAN sharing au complexe technique de TT, au pied de la montagne, une rencontre avec les médias puis un déjeuner à Dar Zaghouan, qui s’est terminé avec du chant confrérique de la troupe de la ville conduite par un descendant de Sidi Ali Azzouz, saint-patron de la ville andalouse.
Noomane Fehri, Nizar Bouguila et Youssef El-Masri.
«Le taux de couverture du réseau 2G/3G de Tunisie Telecom et d’Ooredoo a atteint 100% dans la ville de Zaghouan et 98% dans la totalité du gouvernorat : 87 villages sont actuellement connectés», a annoncé Rached El-Ghodhbani, directeur régional de Tunisie Telecom à Zaghouan.
Dans sa présentation, M. El-Ghodhbani a rappelé que ce projet est le fruit d’un accord signé récemment entre les 2 opérateurs qui cherchent désormais à renforcer leur coopération pour une meilleure connexion dans les zones éloignées. Chose désormais faite. Tunisie Telecom et Ooredoo poursuivront en effet leur coopération dans les autres régions. Ils vont monter très prochainement vers le nord, à Jendouba et Siliana, a-t-on ainsi appris.
Plus large couverture au moindre coût
«La mise en service de ce projet revêt une grande importance pour Tunisie Telecom. Il y a, d’un côté, la qualité des services rendus à notre clientèle à travers l’accélération de l’extension de la couverture, puis grâce à notre partenariat avec Ooredoo, les coûts vont être réduits de moitié», a souligné, de son côté, Nizar Bouguila, qui a tenu à préciser que «le projet a pris forme en moins d’un an et c’est un temps record, grâce à la compétence de nos 2 équipes qui se sont bien investies».
Youssef El-Masri a, pour sa part, rappelé que «ce partenariat stratégique entre les deux opérateurs va contribuer à améliorer la qualité de la connexion et à respecter l’environnement.»
«Je profite de l’occasion pour vous dire combien je suis impressionné par les paysages de cette région de votre pays, l’une des rares beautés au monde qu’il faut vraiment préserver et garder jalousement», a souligné le Libanais, qui va fêter bientôt sa première année en Tunisie.
En attendant l’opérateur Orange
«Ce projet pilote va contribuer à ancrer les fondements de la démocratie, basé sur l’économie verte et le développement durable», a enchaîné Noomane Fehri, qui se félicite de cette union sacrée entre les 2 sociétés qui ont mis le paquet pour assurer la connectivité des zones rurales. «Je suis vraiment fier de voir ce projet réussir à Zaghouan. Les Zaghouanais sont aujourd’hui mieux connectés que les habitants d’Ennasr (quartier huppé de Tunis, NDLR) et ils arrivent en seconde position, en termes de connectivité, derrière les résidents au Berges du Lac de Tunis», a ajouté M. Fehri, tout en félicitant les techniciens de Tunisie Telecom et d’Ooredoo, qui ont concrétisé le projet, ainsi que le gouverneur qui leur a facilité leur tâche.
Le ministre a eu, ce jour-là, un seul regret. C’est de ne pas voir le 3e opérateur impliqué dans ce projet national. «Ce que je souhaite, c’est de voir bientôt Orange Tunisie se joindre à Tunisie Telecom et Ooredoo. C’est en réunissant les efforts de tous les acteurs que nous allions réussir le pari et rattraper d’ici 2020 les pays avancés dans le domaine numérique», a-t-il souligné.
L’économie numérique dans le quotidien
«Le RAN sharing s’inscrit parfaitement dans le mégaprojet Tunisie Digitale 2018, qui œuvre à fournir à l’ensemble des foyers en Tunisie une connexion internet de bonne qualité. Nous allons surmonter toutes les contraintes économiques et techniques en mettant en synergie les compétences des secteurs public et privé. Cette initiative, qui prend comme point de départ la ville de Zaghouan, est la pierre angulaire d’un important changement en Tunisie», a encore expliqué le ministre, en précisant que la connectivité au réseau va transformer profondément la vie quotidienne des citoyens.
«Aujourd’hui, toutes les institutions publiques (écoles, lycées, maisons des jeunes et hôpitaux…), sur les hauteurs et massifs de la région, sont connectées. Internet permettra aussi aux paysans de vendre leurs produits, comme l’eau d’églantier, les gâteaux et autres produits de terroir spécifiques à cette région de Zaghouan, traditionnellement agricole et qui pourrait mieux se projeter dans l’avenir grâce à l’Internet», a souligné M. Fehri.
Grande couverture avec le minimum de pylônes
Côté technique : les 2 opérateurs vont installer ensemble 39 pylônes. Chaque pylône coûte entre 250.000 et 300.000 DT et on parle d’un investissement global de 8 millions de dinars (MDT), qui sera supporté par les 2 opérateurs. «Sans ce partenariat, les coûts des installations seront doubles, ainsi que la consommation de l’énergie et le nombre de pylônes sera plus important, ce qui amocherait le paysage», a ajouté le ministre.
Pour une meilleure gestion de ce genre de projet, l’IHS, société étrangère de gestion des pylônes et des fibres optiques, est entrée en ligne. «Nous sommes en cours de discussion pour qu’une filiale de cette société soit basée à El-Manar en Tunisie. Elle s’occupera de l’entretien de ces tours», a assuré Taoufik Bennacer, représentant d’IHS.
«La société va non seulement s’occuper de l’entretien des pylônes. Elle va également acheter les anciennes et implanter des nouvelles, tout en assurant l’entretien permanent pour une meilleure durée de vie», a-t-il ajouté.
En d’autres termes, des investissements supplémentaires se profilent à l’horizon du paysage numérique tunisien.
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