La Tunisie veut attirer des touristes chinois, mais qu’a-t-elle préparé pour accueillir cette clientèle aux besoins assez spécifiques ? A vrai dire pas grand-chose.
Par Anouar Hnaine
Le Conseil de coopération tuniso-chinois (CCTC), créé il y a un peu plus d’un an dans le but de renforcer la coopération économique, commerciale, culturelle et scientifique entre les 2 pays, a organisé sa première sortie officielle sur la scène nationale.
Un marché porteur, dit-on…
Sahbi Basli, président du CCTC, ancien ambassadeur au long cours, qui a été en poste notamment en Chine où il a tissé des liens très forts, a choisi l’entrée du nouvel an chinois pour organiser un débat sur le secteur le plus fragilisé de l’économie: le tourisme. Non pas dans sa dimension globale mais axé sur le marché chinois.
Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, qui a récemment effectué une visite en Chine, a présidé le débat, pour défricher le terrain, identifier de nouvelles pistes et écouter les intervenants afin de développer ce marché qualifié de «porteur».
Une brochette de responsables actuels et d’anciens hauts cadres du secteur ont été conviés pour creuser davantage le sujet. Mais aucun responsable chinois sur le podium, ce qui était pour le moins bizarre. M. Basly a expliqué l’absence de l’ambassadeur, son second, etc., par les festivités du nouvel an chinois, année du Singe, qui s’étale, rappelons-le, sur 15 jours. On aurait, pourtant, souhaité écouter le son de cloche des Chinois. Détail : sur les supports annonçant la rencontre (dossier, banderoles, logo…), on ne rencontre aucun signe chinois. Omission inexplicable…
Selma Elloumi et Sahbi Basli.
Ouverture du débat. Mme Elloumi fait un tour d’horizon sur l’état du tourisme en cette période de vaches maigres. Rien de rassurant sous cet angle hormis l’optimiste obligeamment affiché.
Le marché chinois? Chacun des présents a son idée; chacun y a va de ses connaissances théoriques ou pratiques; tous puisent dans leur culture et leurs souvenirs des arguments qu’ils émettent dans l’espoir de les voir retenus pour capter le client.
M. Basli, fort connaisseur de l’Empire du Milieu et de ses multiples aspects, décrit les régions, l’histoire du tourisme, les premières destinations prisées par les Chinois, etc. La place de notre pays dans ce canevas? Inexistante.
Au-delà de la spéculation…
Les intervenants dessinent à gros traits le profil du client chinois, dépensier dit-on, curieux, friand de curiosité culturelle, etc. Mais qu’avons-nous préparé pour l’accueillir dans notre pays : pas de restaurants chinois, pas de guides spécialisés, pas de produits susceptibles de l’attirer… Autant dire que tout est à construire.
Les propositions vont dans tous les sens, un feu d’artifices d’idées qui à notre sens s’éclipserait plus tôt que prévu. Pour des raisons simples dont la principale est le transport. Sur cette question, tout le monde a un avis à donner. Une aérienne ligne directe? Le représentant de la compagnie nationale Tunisair nous apprend qu’une ligne Tunis-Pékin-Tunis est prévue dès la livraison du 3e avion A320… en 2019. D’ici là que d’eau aura coulée sous les ponts des deux pays. D’autres intervenants privilégient la piste de la triangulation, Pékin-Paris-Tunis, Pékin-Rome-Tunis, etc., sur d’autres compagnies. De la spéculation en somme.
M. Basli annonce une série de rencontres-débats mensuelles avec d’autres responsables de l’économie, de la culture, etc. Le prochain débat aura lieu en présence du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie.
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