Le président du mouvement islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi suggère une aide du Qatar à la Tunisie pouvant aller jusqu’à 7 milliards de dinars.
Cette suggestion a été faite, hier, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), mais à demi-mot et entre les lignes.
La Tunisie a besoin d’un soutien financier pour aider à la reprise de son économie et de son processus développement et à la poursuite de la réalisation des objectifs de la révolution, a expliqué M. Ghannouchi, avant de laisser entendre que le Qatar est en mesure de fournir cette aide.
Le président d’Ennahdha conduisait une délégation officielle… qatarie venue rencontrer le président de l’Assemblée, Mohamed Ennaceur.
«L’Etat de Qatar a dépensé énormément d’argent pour la protection de la révolution syrienne ou ce qu’il en reste, alors qu’il pourrait aider une révolution qui a réussi, comme celle de la Tunisie», a-t-il déclaré, en s’empressant d’ajouter que 5, 6 voire 7 milliards (de dinars, Ndlr) seraient salutaires pour l’économie tunisienne.
Rached Ghannouchi… conduit une délégation qatarie venue rencontrer le président de l’Assemblée!
Etaient présents à la rencontre, aux côtés de Rached Ghannouchi, Mohamed Ben Ghanim Al-Ali Al-Maadhid, président du Croissant rouge qatari et président de l’Union internationale des associations du croissant et de la croix rouge, l’ambassadeur du Qatar à Tunis, Abdallah Ben Naceur Al-Hamidi, Dr Faouzi Ousseddik, spécialiste de droit constitutionnel, Tahar Cheniti, président du Croissant rouge tunisien, et le député Maher Madhioub (Ennahdha).
Cette déclaration faite à Tunis, en présence de responsables qataris, laisse pantois et suscite des interrogations: le le chef d’Ennahdha reproche-t-il au Qatar d’être insuffisamment impliqué dans le soutien à la Tunisie? A-t-il eu des promesses d’aide de l’émirat qu’il s’est empressé d’annoncer à demi mot? Le fait que cette déclaration a été faite la veille d’une intervention militaire internationale en Libye contre les camps des groupes terroristes dans ce pays ajoute encore à son ambiguïté et à son mystère, d’autant que les Qataris sont – une fois n’est pas coutume – opposés à cette intervention. Quelles tractations secrètes mène le gourou de Montplaisir pour le compte de ses bailleurs de fonds qataris? Et quel prix doit payer la Tunisie pour mériter une aide financière qatarie salutaire pour l’aider à sortir de sa crise actuelle?
Pour bien répondre à toutes ces questions, il convient de garder à l’esprit que le Qatar n’est pas un Etat démocratique et qu’il s’en fout de la démocratie comme de la dernière chaussette de son émir. Pis encore: cet émirat pourri d’argent cherche à faire échouer tout processus démocratique dans le monde arabe qui donnerait de… mauvaises idées aux sujets de l’émir.
Quant à l’entremetteur nahdhoui, l’histoire dira un jour qu’il a été un dangereux intriguant, dont le rôle a consisté à manigancer et à saboter le processus démocratique tunisien… pour le compte de puissances étrangères.
N. H.
Donnez votre avis