La Tunisie et les Etats-Unis n’ont jamais coopéré aussi étroitement dans la lutte contre le terrorisme, indique l’ambassadeur de Tunisie à Washington.
Synthèse traduite de l’anglais par Marwan Chahla
Dans deux entretiens accordés à ‘‘Al-Monitor’’, Fayçal Gouiaa a indiqué que, tout au long de ses 25 ans de carrière diplomatique, il n’a jamais été témoin de relations aussi étroites entre les deux pays.
Quelques jours après le raid américain contre un camp de l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daêch) à Sabratha, en Libye, le mois dernier, le diplomate tunisien a expliqué à ‘‘Al-Monitor’’ que ce type d’opérations est devenu la nouvelle règle de conduite des nations à travers la région moyen-orientale, et au-delà, dans leur tentative d’unir leurs forces contre l’ennemi terroriste commun.
Il faut ranger les égos nationaux
«Nous sommes à une époque et en présence d’une réalité qui encouragent et dictent même à ce que tous les efforts soient unis dans ce combat antiterroriste», a déclaré M. Gouiaa, ajoutant que «parfois, il faut savoir mettre de côté nos égos nationaux, et peut-être même une partie de notre souveraineté, pour garantir des chances de réussite entières à notre lutte commune.»
L’ambassadeur de Tunisie aux Etats-Unis a accordé deux interviews au site américain, une première fois, le 26 février à l’ambassade tunisienne, et une 2e fois le 3 mars à Capitol Hill, alors qu’il accompagnait la présidente de l’Utica, Wided Bouchamaoui, en visite à Washington.
Durant ces discussions, M. Gouiaa a notamment exprimé le souhait que Barack Obama, en cette dernière année de son mandat de président des Etats-Unis, puisse se rendre en Tunisie, qualifiant pareille visite de «hautement symbolique.»
Il a également évoqué les efforts que déploie le gouvernement tunisien dans la lutte contre la corruption et la mise en œuvre de réformes économiques dont la jeune démocratie tunisienne a besoin, en cette étape particulière de son parcours.
Fayçal Gouiaa s’est abstenu de commenter l’introduction à la Chambre des représentants des Etats-Unis d’un projet de loi qualifiant les Frères musulmans de groupe terroriste, mais il a averti contre «les risques de l’amalgame entre l’islamisme politique et celui activiste», c’est-à-dire le radicalisme islamiste.
«Nous devons rendre claire cette distinction qui existe entre les islamistes et les terroristes», a expliqué M. Gouiaa. «Je pense qu’il est tout à fait normal que dans une démocratie qui se respecte que les partis politiques – qu’ils soient islamistes ou pas – puissent participer à des élections libres, équitables et indépendantes, et qu’ils les remportent s’ils peuvent», a-t-il précisé.
«Venez en Tunisie pour y faire les meilleures affaires!»
Gardant un optimisme entier quant à l’avenir de la Tunisie, M. Gouiaa n’a pas manqué, cependant, d’avertir que le progrès de l’expérience tunisienne restera incertain, tant que le chaos prévaut en Libye, demandant au département d’Etat américain de revoir sa décision de réduire son aide militaire à la Tunisie – même si, dans le même temps, l’indispensable assistance économique a été augmentée.
«C’est ce que les autorités américaines ont fait, indique-t-il. Elles ont accru l’aide économique et baissé l’appui sécuritaire. Désormais, nous lutterons, pour ainsi dire, pour que l’aide militaire américaine à la Tunisie soit renforcée – tout simplement, parce que cette dernière nous est très nécessaire.»
Le diplomate de carrière, qui a été à la tête du secrétariat d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères de 2014 à 2015 sous le gouvernement de Mehdi Jomaa, a fait, depuis la prise de ses fonctions à Washington en mai 2015, de l’attraction des investissements américains en Tunisie la priorité de sa mission diplomatique –notamment encourageant la mise en place d’un accord sur le libre échange entre les deux pays.
«Indéniablement, la libre circulation des produits et des services est très importante. Elle est, également, autrement plus significative, car elle nous permettra de dire au monde: ‘Vous n’avez rien à craindre. Venez en Tunisie et faites y les meilleures affaires qui puissent exister’», a-t-il insisté.
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