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Littérature : Hédi Kaddour dans son «hameau»

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Dans sa première rencontre avec le public tunisien, le romancier français d’origine tunisienne Hédi Kaddour est revenu sur les relations tumultueuses entre l’Orient et l’Occident.

Par Fawz Ben Ali

La 32e édition de la foire internationale du Livre de Tunis se tient cette année du 25 mars au 3 avril 2016, comme à l’accoutumé, au Palais des expositions du Kram. Très attendue à l’échelle arabe et méditerranéenne, la foire du livre demeure un rendez-vous annuel incontournable pour les amoureux du livre qui affluent en pèlerins chaque année vers le palais à la coupole verte.

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Cette nouvelle édition est marquée par le retour en force de la France, en tant qu’invité d’honneur, après une présence plutôt timide au cours des années précédentes. Le stand de l’Institut français de Tunisie (IFT) couvre une surface de 180 m² et accueille les conférences, les signatures d’ouvrages, les débats et les tables-rondes en compagnie des auteurs invités, à l’instar de Hédi Kaddour, Tobie Nathan, Jean-Marc Salmon, Benjamin Stora, Lilian Thuram…

Poète et romancier français d’origine tunisienne, Hédi Kaddour a su s’imposer comme figure emblématique de la littérature contemporaine francophone. Son premier roman ‘‘Waltenberg’’ a reçu le prix Goncourt du meilleur premier roman, et a été classé «meilleur roman français de l’année 2005» par le magazine ‘‘Lire’’. Cette année, Hédi Kaddour revient en Tunisie, son pays natal où il avait vécu jusqu’à l’âge de 12 ans, pour présenter son dernier roman ‘‘Les prépondérants’’ et en débattre avec son public tunisien, et ce, dans le cadre des rencontres littéraires organisées par la Foire du Livre et l’IFT.

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‘‘Les prépondérants’’, paru en 2015 aux éditions Gallimard, a fait partie des 4 finalistes du prix Goncourt, et obtenu le Grand Prix du Roman de l’Académie Française. Preuve que l’Orient demeure au cœur du roman français contemporain; d’ailleurs ‘‘Boussole’’ de Mathias Enard (Prix Goncourt 2015), bien que de manière assez différente, porte aussi une empreinte oriente limpide.

Dans son dernier roman, qu’il considère comme «son premier roman tunisien», Hédi Kaddour nous parle d’une ville imaginaire du Maghreb des années 20. Cette ville porte le nom de Nahbès, mais tout laisse croire qu’il ne s’agit en réalité que de Gabès, ville du sud tunisien. A ce propos, Hédi Kaddour nous révèle sa source d’inspiration : «J’ai essayé de reprendre ce qu’a fait William Faulkner dans ‘‘Le Hameau’’, mais différemment.»

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Le roman nous offre un nouveau regard sur l’histoire et notamment sur la France coloniale de l’entre-deux-guerres, à Gabès ou Nahbès, comme l’auteur souhaite l’appeler, lui, qui se dit «cosmopolite», fait côtoyer des Maghrébins, des Français et des Américains, et les affronte les uns aux autres entre rapports amoureux et choc des cultures et des continents. Chacun des personnages nous dit quelque chose sur le monde actuel, car, en effet, en lisant ‘‘Les prépondérants’’, on est frappé par la ressemblance étrange entre les années 20 et ce qu’on vit aujourd’hui. On a d’un côté des personnages qui aspirent à la liberté face à la domination et à l’exploitation colonialistes, et d’un autre côté «les prépondérants» qui se cramponnent à leurs privilèges, et c’est d’ailleurs là l’analogie qu’a voulu tracer l’écrivain entre les conflits du XXe siècle et ceux de notre siècle présent.

Hédi Kaddour nous a dévoilé, lors de cette rencontre, que le roman sortira prochainement en version arabe; une maison syrienne, sise à Damas, a déjà pris en charge la tâche de la traduction vers l’arabe. ‘‘Les prépondérants’’ sera fort probablement porté au grand écran, l’auteur ayant reçu trois propositions d’adaptations cinématographiques qu’il est en train d’examiner.

Hédi Kaddour a clôturé la rencontre par une séance de dédicaces, au bonheur de ses lecteurs tunisiens.

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