Accueil » Concert d’hommage : Un aloès pour Hamadi Cherif, le présent absent

Concert d’hommage : Un aloès pour Hamadi Cherif, le présent absent

Hamadi-Cherif-Aloes

Un pianiste, un trompettiste, un percussionniste, un violoniste et deux chanteurs aux voix sublimes ont émerveillé, lundi dernier, les fidèles de l’Acropolium de Carthage.

Par Zohra Abid

C’était une belle rencontre musicale, animée par 5 artistes qui ont côtoyé, chacun à son niveau et à des époques différentes, le collectionneur d’œuvres d’art, galeriste et mécène Hamadi Cherif, décédé en février 2014 à l’âge de 67 ans. Ils se sont retrouvés, le temps d’une mémorable soirée, pour lui rendre, chacun avec son langage et sa sensibilité, mais ensemble et dans une parfaite harmonie, un hommage émouvant, respectueux de l’homme féru d’art et ami des artistes que fut Hamadi de Sidi Bou Saïd, dont l’éternel visage souriant était, ce soir-là, dans toutes les mémoires.

Que de l’art dans l’air

La première partie de la soirée, organisée par l’Association «Aloès, Les amis de Hamadi Cherif», créée en avril 2015 et dirigée par son ami de toujours Hamma Hannachi, pour maintenir vivace la mémoire du galeriste de Sidi Bou Saïd, a été animée par le plus Tunisien des Bulgares, le pianiste Todor Petrov, qui a interprété des airs de Claude Debussy, le compositeur de Saint Germain-en-Laye (France) du 19e et début du 20e siècles, devant un public ravi, qui l’a écouté religieusement, en retenant son souffle pour ne rater aucune note, se contentant de l’applaudir chaudement après chaque morceau, comme à chacun de ses concerts, car Todor Petrov, qui a longtemps enseigné à l’Institut de musique de Sousse, est connu des Tunisiens, qui ont eu à apprécier ses nombreuses précédentes prestations, en tant que soliste, dans des mini-festivals et des concerts dans plusieurs régions du pays.

Hamadi-Cherif-Aloes-2

La deuxième partie de la soirée a été réservée à un registre musical complètement différent : un succulent mélange de salhi, chant bédouin tunisien, de liturgie soufie et de jazz oriental, porté par les languissants sons de la trompette de Michel Marre, les roulements graves du bendir de Imed Alibi, les mélodies entraînantes du violon de Zied Zouari et les envolées vocales improvisées, à tour de rôle, par Mounir Troudi, dans un registre inattendu mais surprenant de maîtrise, le chant soufi, et Alya Sellami, superbe soprano qui sait élever le chant au seuil d’une prière céleste.

C’est Imed Alibi, nous dit-on, qui a eu l’idée de ce concert qui, par la complicité qui s’est établie entre les artistes et les trouvailles nées de leurs improvisations, est en train de se transformer en un projet musical d’avenir. Le public, pour sa part, a eu droit à un délicieux moment plein d’émotions, que le souvenir de Hamadi Cherif, l’absent-présent, a empli d’une joyeuse tristesse.

Hamadi-Cherif-Aloes-3

«Comme si Hamadi était parmi nous»

Imed Alibi, qui a connu Hamadi Cherif vers la fin de l’année 2010, a tenu à jouer à la mémoire de son ami, 2 ans après sa disparition. «Je l’ai connu à Montpellier. Il était attachant. Ce n’était pas sa richesse qui m’impressionnait, mais son humanisme. Je n’oublierais jamais son sourire, son écharpe et son élégance naturelle, rare de nos jours. D’ailleurs, je garde précieusement l’une de ses écharpes qu’il a oubliée la dernière fois où il était venu chez moi», nous a confié le percussionniste, pendant le dîner offert par Aloès à Villa Didon après le concert. «Nous continuerons à aimer cet homme qui a voué sa vie tout entière pour l’art qu’il a servi religieusement. D’ailleurs, ce soir, en jouant, on avait l’impression qu’il était là, parmi nous et toujours avec son éternel sourire», a-t-il ajouté.

Hamadi-Cherif-Aloes-4

L’auteur de ‘‘Safar’’, qui fait de la world music et aime naviguer entre les musiques occidentales et orientales, entre les sonorités africaines et les rythmes berbères, les mélodies classiques et les évocations soufies, va profiter de son séjour en Tunisie pour assister à la 5e Fête des Bergers, qui se déroulera du 22 au 24 avril courant, à Jebel Samama. Deux jours après, l’enfant de Meknassi sera aussi à Gafsa à l’occasion du Forum de la Jeunesse. «Nous devons être omniprésents dans les régions intérieures. Ce n’est qu’ainsi qu’on arrivera à surmonter les difficultés et vaincre le terrorisme», a-t-il ajouté.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.