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Le sens des retrouvailles entre Béji Caïd Essebsi et Mohsen Marzouk

Beji-Caid-Essebsi-Mohsen-Marzouk

L’entretien, mercredi, au Palais de Carthage, entre Béji Caïd Essebsi et Mohsen Marzouk a été un grand moment de communication politique. Décryptage…

Par Imed Bahri

Le président de la république, qui a reçu pour la 2e fois son ancien conseiller politique et ancien secrétaire général de Nidaa Tounes, depuis la démission de ce dernier du parti qu’ils avaient fondé ensemble, en juin 2012, et fait accéder au pouvoir, en 2014, a voulu montrer qu’en tant que chef de l’Etat, il se tient à égal distance des partis et des contingences des alliances politiques qui se font et se défont. En d’autres termes, Mohsen Marzouk ou Ridha Belhaj ou même Hafedh Caïd Essebsi, c’est kif-kif pour lui : ils sont tous, pour ainsi dire, ses enfants, même quand ils se chamaillent.

Pour Mohsen Marzouk, dont le départ du Palais de Carthage, en mars 2015, pour prendre la tête de Nidaa Tounes, n’a pas été une décision judicieuse, puisqu’il n’a pas tardé à être poussé à la porte de cette formation, désormais conduite par ses anciens camarades devenus ses ennemis jurés, a de bonnes raisons, lui aussi, de montrer qu’il fait la part des choses, qu’il ne tient pas rigueur à Caïd Essebsi père pour les misères que lui a faites Caïd Essebsi fils et qu’en homme politique avisé, il fait passer les intérêts supérieurs du pays avant toute autre considération.

Le communiqué publié par la présidence de la république, à l’issue de la rencontre entre les deux hommes, a, d’ailleurs, souligné «la nécessité d’assainir le climat politique et de favoriser le consensus national», tout en précisant que «l’entretien a permis de dresser un état des lieux de la situation générale dans le pays».

En langage moins codé, l’affaiblissement de la majorité présidentielle par la dislocation de Nidaa Tounes a créé une situation peu confortable pour la famille politique de… Béji Caïd Essebsi, à laquelle appartient, tout de même aussi, Mohsen Marzouk, et tous les démissionnaires de Nidaa Tounes, désormais enrôlés sous la bannière de Harakat Machrou Tounes (Mouvement du Projet Tunisie), dont le même Mohsen Marzouk est le coordinateur général.

Aussi l’idée de constituer une majorité présidentielle avec toutes parties ayant appelé à voter Caïd Essebsi au second tour de la présidentielle, proposée et défendue par Mohsen Marzouk, pourrait-elle constituer une solution pour contrecarrer la domination qu’exerce aujourd’hui le parti islamiste Ennahdha sur l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et, indirectement aussi, sur le gouvernement Habib Essid et la scène politique nationale de façon générale.

Cette majorité présidentielle ne saurait, cependant, être constituée sans un assainissement préalable du climat politique, et d’abord au sein de la famille libérale et progressiste, en dépassant les différends et en rapprochant de nouveau les positions des «frères ennemis».

C’est, on l’a compris, dans ce contexte que s’inscrit la rencontre entre Caïd Essebsi et Marzouk, qui pourrait être suivie d’autres gestes d’apaisement de la part, notamment, de ce dernier, dont la quête du dialogue et la recherche du consensus ont toujours été les principales qualités. Et le président de la république, qui a appris à le connaître, durant la période où ils ont travaillé côte-à-côte, entre 2011 et 2015, le sait très bien. Il sait aussi qu’une majorité présidentielle digne de ce nom ne pourrait avoir de sens et ne saurait fonctionner si Mohsen Marzouk n’en est pas sinon la cheville ouvrière du moins l’un des principaux moteurs.

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