Il est temps que les vrais syndicalistes retrouvent la raison et cessent de faire la politique de la terre brûlée. Il y va de l’intérêt de l’UGTT mais aussi du pays tout entier.
Par Salah El-Gharbi
Depuis son élection, l’actuelle direction de l’UGTT n’a jamais été aussi remuante, voire agressive, comme elle l’est depuis un an, depuis que le gouvernement est sous l’autorité de Habib Essid. En témoigne l’acharnement dont cette direction fait preuve contre le ministre de la Santé, Saïd Aidi, et qui aboutit à une situation ingérable qui a nécessité l’intervention de la justice.
Harcèlement, gabegie et chaos
En venant de se saisir de cette affaire qui prend en otage les prestataires d’un service public aussi précieux qu’est l’hôpital régional Habib Bourguiba de Sfax, la justice met un terme à des semaines de harcèlement, de gabegie dont nous avons fait échos, à maintes reprises, sur notre journal, en attirant l’attention aussi bien des autorités que des responsables syndicaux sur le risque d’enlisement d’une crise qui gangrène la vie de l’hôpital mais aussi l’atmosphère général d’une aussi grande ville.
Ces derniers jours, l’arrogance de certains «syndicalistes» est devenue ingérable et les dérapages langagiers outranciers, cherchant à intimider un ministre dont le tort serait d’appliquer le règlement de la république. «Qu’il rentre en France !», clamait un des ténors de la Centrale syndicale «responsable de l’éducation». «Le directeur de l’hôpital doit partir», vient de renchérir, sans vergogne, un membre du bureau exécutif de l’UGTT.
A l’escalade verbale, s’ajoutent les actions musclées des barbouzes du bureau régional de la santé de Sfax mais aussi des actes de bravade dont le bureau même du ministre était le théâtre.
Ainsi, la crise qui était, au départ, locale vient de prendre de l’ampleur et devient nationale. Même le secrétaire de l’UGTT, Houcine Abassi, d’habitude calme et pondéré, s’en est mêlé, lui qui venait de déclarer, parlant des «syndicalistes» qu’ils n’étaient pas «des locataires», autrement dit qu’ils avaient droit d’ingérence dans les affaires de l’Etat. A monsieur le prix Nobel de la Paix, on pourrait rétorquer que le ministre de Santé ne l’est pas, lui non plus, pour qu’on le somme de quitter son pays. Qu’il sache que le bureau de l’UGTT n’est pas l’émanation du suffrage universel, qu’il ne représente qu’une partie de la masse des travailleurs du pays et que le rôle d’un gouvernement est celui de gérer les affaires de l’Etat en nommant les responsables de ses services et qu’il ne doit de compte qu’au peuple à travers ses représentants.
L’irresponsabilité des pseudo-syndicalistes
La suffisance et l’irresponsabilité dont font preuve certains pseudo-syndicalistes, misant sur le capital de sympathie dont jouit la Centrale, commencent à exaspérer, de plus en plus, beaucoup de Tunisiens et cela se ressent, en particulier, à travers les commentaires sur les réseaux sociaux. Ainsi, cette dérive ne peut, à long terme, que porter préjudice au rayonnement de l’UGTT, une organisation qui a toujours fait preuve de responsabilité.
En fait, à Sfax, la tactique choisie ne fait que produire l’effet inverse en cristallisant de plus en plus de sympathie autour du ministre qu’on cherche à abattre.
Désormais, il est clair pour tous que M. Aidi dérange les lobbies locaux qui sévissent impunément depuis des années à Sfax. La Cour des comptes n’a-t-elle pas invalidé, à plusieurs reprises, les comptes de cet établissement hospitalier public? Pourquoi cet acharnement contre la nomination d’un directeur si ce n’était parce qu’elle empêcherait certains de continuer leurs magouilles…
Il est malheureux que cette triste affaire prenne une telle ampleur et que le bureau exécutif de la Centrale syndicale s’en mêle d’une manière démesurée en engageant toutes ses forces pour soutenir les récalcitrants parmi les contestataires et ce, pour des raisons purement électoralistes, en préparation du prochain congrès. Il est temps que les vrais syndicalistes retrouvent la raison et qu’ils cessent de faire la politique de la terre brûlée. Il y va de l’intérêt de l’UGTT mais aussi du pays tout entier.
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